Un an de pandémie…

Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit, mais je me suis dit que l’anniversaire des un an de la pandémie était une bonne occasion, cela m’a donné la motivation nécessaire pour  reprendre cette plume virtuelle (virtuel, le mot qu’on aura le plus entendu en 2020/2021!!!).

img_20200326_223311Un an donc que tout a fermé, aux Etats-Unis, en France et ailleurs.
En février 2020, on rentre de nos vacances au ski à Briançon avec la famille en passant par Milan, et au retour, on est étonné de voir pas mal de gens avec des masques à l’aéroport. Le lendemain de notre départ de Milan, l’Italie du Nord ferme ses frontières. Fin février, on entend un podcast du NY Times avec un épidémiologiste, à la suite duquel Gael et moi commandons (chacun de notre côté, sans nous concerter!), des kilos de riz, pâtes et lentilles “au cas où”. Mais tout paraît encore lointain et sous contrôle.  En mars 2020, le festival que j’organise chaque année à NYC est quasiment le dernier festival américain à avoir lieu physiquement, avant d’être interrompu au milieu de l’évènement. Nous voilà donc, un an après, et je viens de finir un festival 100% virtuel qui a eu le mérite d’amenimg-20200322-wa0002er 18 beaux films français dans tous les Etats-Unis, même si l’excitation et même le stress de l’organisation de l’évènement physique m’ont grandement manqué 🙂

Personne évidemment n’imaginait l’impact que cela aurait sur nos vies, pendant très longtemps. On a eu la chance de garder nos boulots et de ne pas avoir, en plus de tout le reste, le stress économique. Pour le reste, on a tenté, comme on pouvait, de ne pas trop subir cette situation mais d’essayer d’en faire une opportunité pour tenter des choses différentes, des aventures qu’on n’aurait jamais faites.

Alors voilà, je tente un petit bilan de cette année folle.

Premier impact majeur sur nos vies : les écoles publiques de NY ont fermé il y a un an et n’ont jamais vraiment rouvert. Nos filles sont à la maison en “remote learning”/télé-enseignement depuis un an. Je relis cette phrase et j’ai moi-même du mal à le croire. Cela fait un an que tous les 4, nous travaillons tous ensemble, jour après jour, dans le même espace!!
Au-delà du fait que la gestion de l’éducation pendant la pandémie a été une catastrophe dans ce pays (il va falloir des années pour que les gamins qui ont décroché rattrapent tout cela), pour notre cas personnel, je peux dire qu’on a été hyper impressionné par le volontarisme des profs qui se sont tous mis à zoom, et ont du, pendant de longs mois, faire cours face à leur écran, avec tous les problèmes d’informatique et  d’internet sans parler des élèves démobilisés et sans camera. Franchement, c’est héroïque d’avoir su insuffler un peu de passion dans des conditions pareilles!
Et je profite de ce blog pour dire bravo à nos filles (qui sait, elles le liront peut être un jour) car elles ont mis à profit cette situation délirante pour devenir extrêmement autonomes dans leur travail, très organisées et ont continué à récolter bonnes notes et félicitations de leurs professeurs. On mesure notre chance!img_20200428_211355

Le fait de pouvoir faire l’école à distance d’à peu près n’importe où a quand même ses avantages et quitte à être coincés tous les quatre, on décide d’en profiter!

Au printemps 2020, on passe d’abord 2 bons mois dans notre maison de campagne à Callicoon, dont une bonne partie en mode kibboutz avec nos copains Marie et Pierre et leurs 3 enfants, Thomas (qui est dans la même classe que Maya), Fleur et Camille. On découvre les joies de la vie en communauté à un moment où on ne peut voir personne et oimg_20200723_203648ù la situation à NYC est catastrophique, on cuisine comme jamais et en grosse quantité, on tente des recettes folles et on descend pas mal de bouteilles (car à quoi bon faire une bonne bouffe si c’est pour la manger avec de l’eau!!). Et surtout, la joyeuse bande d’enfants de 5 à 12 ans affrontent les premiers mois un peu chaotiques du télé-enseignement collectivement, ce qui est un vrai plus. On tente aussi la vie en (quasi) autarcie : on fait notre potager en mode sauvage (il ne prend d’ailleurs jamais vraiment, même si la moindre feuille de salade qui apparaît nous met en grande joie), 00000portrait_00000_burst20200514182202691Gael se prend de passion pour les poules, achète 6 poussins tout mignons et construit un poulailler supersonique, mais les oeufs se font attendre (oimg_20200502_114553n découvre au passage qu’une poule ne pond pas directement :-)), et les poules attaquer (même si on dit aux enfants qu’elles sont parties en voyage), bref on constate après quelques mois que, côté retour aux sources, on n’est pas encore tout à fait mûr.

Photos : les 10 ans de Maya, Pâques 2020 à Callicoon, la vie en communauté au printemps 2020, les 40 ans de Gaël

Retour à NYC fin mai 2020, la ville nous manque et la maison est louée.  Le pic de la crise est certes passé mais tout le monde a été traumatisé par le niveau de morts et de malades à NY donc la ville tourne toujours au ralenti, rien ne rouvre, tout le monde porte un masque, on revoit quelques potes, mais en mode extérieur. On participe aussi aux flamboyantes manifestations Black Lives Matter, un grand et fort moment qu’on est heureux de vivre à NY : des dizaines de milliers de gens défilent pacifiquement ensemble pour dire que cela suffit. On fait des pancartes avec Lisa et Maya et on réfléchit tous ensemble au privilège bien réel qu’apporte le fait d’être blanc. Cela n’empêche pas d’estimer à sa juste mesure la valeur des efforts individuels, mais cela permet de comprendre que certaines choses ouvrent des portes qui restent fermées pour d’autres, et la moindre des choses est d’en avoir conscience.

Trêve de réflexion politique, il faut aussi savimg_20200617_175921oir réaliser ses rêves. Le grand rêve de Gaël depuis toujours, c’est de voler. Il est prêt depuis des années, il ne manquait que l’opportunité, les sous mis de côté petit à petit et le cap des 40 ans qui te rappelle qu’il faut pas trop tarder quand même. A que cela ne tienne! Puisque les vacances d’été en France tombent à l’eau, nous repartons nous installer fin  juin dans la petite bourgade de Montgomery, NY, à 1h15 de route de Manhattan pour 2 semaines de cours de pilotage intensifs. Quand je dis intensif, c’est intensif : 7 jours sur 7, img_20200809_091916toute la journée et parfois de nuit. A l’école de pilotage, personne ne croit que c’est possible de décrocher sa licence de pilotage en si peu de temps. Mais au bout d’une semaine, Gael fait son premier vol en solo (heureusement je n’étais pas au courant!!), au bout de 2 semaines, il est prêt pour le permis. Et après quelques péripéties rocambolesques pour passer l’examen (qui incluent une gastro fulgurante, le mauvais temps et une nuit aux urgences!!), il finit par décrocher sa licence le 25 juillet 2020!  img_20200808_163748A nous le ciel américain 🙂 Nos premiers voyages en famille pendant l’été sont magiques : escapade à la journée sur une petite île, Block Island, fabuleux survol de la skyline de Manhattan, on en prend plein les yeux. Et moi j’ai une confiance sans limite en mon pilote préféré.

Photos : Gael en formation de pilote, les 13 ans de Lisa, Premier vol pour Lisa et Maya, Premier vol en famille, été 2020img_20200809_170144

De mon côté, en juillet, je passe sur le billard pour une opération qui avait été reportée à cause de la pandémie. Tout se passe bien, mais 3 jours après l’intervention, je suis terrassée par un infarctus rénal qui me vaut une visite aux urgences de Callicoon (la nuit précédant le permis avion de Gael, sinon ce ne serait pas drôle), un transport en ambulance le lendemain puis 5 jours d’hôpital à NYC avec le stress du COVID. Comme d’habitude, je suis un mystère pour la science. Personne ne comprend ce qui m’est arrivé, les médecins que je rencontre n’ont jamais vu d’infimg_20200801_193841arctus du rein en 30 ans de carrière, tout le monde y perd son latin et cela ne m’étonne pas : en matière de santé, j’ai toujours été la reine des statistiques improbables! Bref, je m’en tire avec 6 mois de piqûres d’anticoagulants, une batterie de spécialistes qui me suivent et la certitude renforcée qu’où que j’aille désormais, il me faut toujours un hôpital pas loin 🙂

Pour nous remettre de nos émotions, on se fait des petits séjour plage/mer, à Shelter Island avec nos copains Sophie et Seb, puis du côté de Cape May et Ocean City dans le New Jersey. C’est chouette, mais la France nous manque, un été sans vacances avec la famille et les potes français, ce n’est pas vraiment un été. Quand on apprend autour de mi-août que, daimg_20200802_122451ns le meilleur des cas, les écoles ne rouvriront à la rentrée que pour un jour par semaine, on décide en quelques jours de ne pas subir les ouvertures/fermetures des écoles au gré du virus mais de prendre le taureau par les cornes et d’aller passer 2 mois en France en septembre et octobre, avec Briançon codsc01742mme camp de base. Bilan : l’école à la maison depuis les Alpes entre 14h et 20h, décalage horaire oblige, mais aussi 2 mois de vadrouille, avec en tout pas moins de 10 étapes dans toute la France: Tours, Paris, Auvergne,pxl_20201018_123027775 Annecy, Bourgogne, Briançon, Ranquet, Orpierre pour grimper avec Pascal, Cahors, le Tarn.  Copains (Céline et Ronan, Camille et Adrien), famille, mariage du cousin, escalade, rando, cure de bouffe française (aaaah le saucisson, aaaah les crêpes sarrazin qu’on achète toutes prêtes!), télé-travail et télé-école dans toutes les conditions (en voiture, entassés dans une pièce avec nos casques, avec une connexion internet pourrie et les vidéos qui gèlent sur l’écran, avec les copains qui tournoient autour). Je crois qu’à l’issue de cette formation intensive, nos filles seront capables de travailler partout et dans n’importe quelles conditions, elles auront au moins appris la souplesse!!

Retour à NY fin octobre, un peu en catastrophe, juste avant le 2ème confinement en France. On sent bien depuis quelques jours que la situation commence à sentir le roussi, on a l’impression de zigzaguer entre les cas, et après un petit coup de flippe, on décide sur une aire d’autoroute de changer nos billets et de “s’extraire” du pays le lendemain pour ne pas rester coincés au cas où les frontières referment, alors qu’on est censé voter à notre première élection présidentielle américaine!

On retrouve avec plaisir notre appartement, le petit oiseau Wall-E, on fait Halloween en quarantaine, puis on vote par procuration pour Biden car on n’a pas le droit de sortir de chez nous et on passe des nuits blanches à attendre les résultats en devenant expert du système électoral américain ultra complexe! Gaël fabrique même des réseaux de neurones pour prédire les résultats ville par ville dans les Etats clés!! Et finalement, le 8 novembre au matin, les klaxons résonnent dans New York et on comprend que c’est gagné, la ville est en liesse, les gens chantent aux fenêtres et on ouvre le champagne pour fêter le départ de Trump! Mais la situation est toujours tendue à NY et l’approche de l’hiver ne rend pas les choses plus facile. Les écoles referment pour de bon et nous on décide de continuer à essayer de voir le bon côté de la situation : on s’envole pour Porto Rico pour 6 semaines.

Photos Porto Rico

pxl_20201128_145847183-nightQuel bonheur de se retrouver fin novembre dans la moiteur d’une île des Caraïbes. On a une chouette petite maison, avec un grand balcon, pxl_20201214_180854939des cocotiers, des iguanes et une jolie plage à moins de 100 mètres. Il y a pas mal de restrictions liées au Covid, mais on arrive quand même à explorer l’Ouest de l’île et à arpenter San Juan, la capitale, et ses jolies petites rues colorées. Clou du séjour : une excursion en avion avec le roi des pilotes. pxl_20201219_153148134On en prend plein les yeux en survolant la mer des Caraïbes avant d’atterrir sur la petite île de Vieques où on explore pendant quelques heures des plages paradisiaques en mangeant la spécialité locale à base de banane plantain, le monfogo. Des fois il y a des moments de bonheur pur, et celui là en est un.
Aventure aviation Puerto Rico

Comme j’aime pousser l’expérience locale jusqu’au bout, je fais mon petit tour habituel aux urgences de San Juan : au menu, ambiance covid et environnement 100% hispanophone, une vraie galère! Puis les vacances de Noel arrivent, c’est très étrange pour nous de passer les fêtes de fin d’année dans la chaleur. Le plus drôle c’est qupxl_20201219_205315664-portraite les Portoricains sont à fond sur Noël, donc on voit éclore des décorations géantes avec gros bonhommes de neige et sapins blancs gonflables dans les jardins, sur fond de cocotiers. On se fait un Noël 100% virtuel (pour changer) avec, pour chacun, présentation powerpoint des cadeaux qui attendent à NY!

Photos Hiver 2021 NY & Callicoon

Puis c’est le retour à NYC début janvier, on est presque contents de retimg-20210228-wa0004rouver la neige et le froid, de sortir les doudounes. Finalement, je me rends compte que j’aime bien les saisons! On alterne NYC et la maison de campagne, histoire de casser la monotonie du quotidien, mais à ce stade, on s’est tellement habitués au fait d’être tous ensemble 24h sur 24 que quand l’un de nous sort pendant 3 heures, les autres sont stupéfaits et sortent des trucs du genre “ça fait hyper longtemps que je t’ai pas vue” (euh bah non, ça fait 3 heures!!). Bref, ça va nous faire tout drôle quand chacun revivra sa vie au quotidien! On reprend aussi un semblant de vie sociale, ponctuée de tests PCR avant et après, la nouvelle normalité quoi, et on se retrouve ainsi dans le Vermont avec une grosse bande de copains pour une semaine de ski dans une station hors de prix MAIS qui ressemble un peu et de loin (!!) à une station des Alpes avec des télésièges rapides et des pistes dignes de ce nom. Bref on se régale dans tous les sens du terme, entre ski, snowboard, et fromage sous toutes ses formes (et le fameux coq au vin de Gael!).

Et finalement, le jour tant attendu arrive : le 25 mars 2021, Gael et moi recevons notre 2ème dose de vaccin. Rien que de l’écrire, j’ai envie de chialer! NY s’est mise à revivre depuis quelques semaines, entre la vaccination accélérée et les réouvertures, et j’ai même pu retrouver le chemin des cinémas, après un an de fermeture, émotion! Je finis ce looooong post sur ce semblant de normalité retrouvée, et même si on a fait une croix sur les écoles jusqu’à septembre, on a l’impression de tenir le bon bout!

Photos : les 11 ans de Maya, Pâques 2021 à Callicoon

 

 

 

 

1 Response to “Un an de pandémie…”


  1. Francoise

    J’adore te lire Merci pour le récit de cette année si étrange mais pendant laquelle il y a eu, fort heureusement, des moments forts et heureux. Bisous



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