Je me souviens de mes parents, qui me disaient quand j’étais ado que le temps s’accélérait avec les années. Je n’y croyais pas trop, ça me faisait même plutôt marrer. Et pourtant, force est de constater qu’ils avaient raison. Où sont passées les trois dernières années ? Il y a quelques semaines, nous fêtions les 15 ans de Maya, et dans quelques semaines, Lisa soufflera ses 18 bougies.
Dans moins de trois mois, Lisa s’envolera de ses propres ailes pour entamer sa vie de jeune adulte. Direction Montréal et l’université McGill, où elle étudiera la biologie et les neurosciences. Bon, Montréal, ce n’est pas si loin, on va y être souvent (pauvre Lisa!!). Et les années universitaires sont courtes en Amérique du Nord (les cours se terminent fin avril)! Mais cela marque tout de même une nouvelle phase qui s’ouvre, à trois, puis, dans quelques années, à deux.
Et, honnêtement, que peut-on souhaiter de mieux? Nos deux filles sont en bonne santé, plutôt épanouies, avec des personnalités bien propres à elles et des projets et des envies plein la tête. À la fois très attachées à leur famille, et prêtes à voler de leurs propres ailes. Elles finiront peut-être en psychanalyse dans des années, mais pour le moment, on semble avoir évité les traumatismes de l’enfance et de d’adolescence!
Et surtout, surtout, ce sont de bien belles personnes. Je repense au film Lady Bird de Greta Gerwig, où le personnage principal, une ado de 17 ans, demande à sa mère : “I know you love me, but do you like me?” En français, il n’y a pas vraiment deux mots distincts pour traduire cette nuance. Peut-être aimer/apprécier, mais ce n’est pas vraiment pareil. En tout cas, je peux aujourd’hui leur dire en toute sincérité “I love you and I like who you are” car je suis émerveillée par ce qu’elles sont devenues, année après année, et impatiente de voir ce qu’elles vont désormais construire, avec nous, puis sans nous.
Bien sûr, une première page se tourne, une page faite de souvenirs fabuleux de tous ces moments magiques, fous et drôles, parfois épuisants et durs de leur enfance et adolescence. Mais une autre, magnifique, excitante et pleine de promesses et surprises, s’ouvre maintenant!
Et voilà, nous sommes arrivé.e.s à cette date fatidique du 1er janvier 2023, qui sonne les 20 ans de ta disparition. C’est aussi la date anniversaire de ton premier baiser avec papa, le 1er janvier 1971, il y a 52 ans, tu avais 15,5 ans. Il nous a raconté cela tout récemment, cela m’a émue que le 1er janvier revête cette importance dans notre histoire familiale.
20 ans, c’est un nombre vertigineux. Presqu’autant de temps passé sans toi qu’avec toi, cela me paraît inacceptable, et c’est inéluctable. Je me rapproche aussi, petit à petit, de l’âge que tu avais quand tu nous as quitté.e.s. Ca aussi, cela me semble intolérable, maintenant que j’y suis presque. Tu avais encore tant de choses à faire, tant de projets, une deuxième vie de femme, de couple, probablement, à un moment où tu devais te dire que tes 2 enfants étaient sorti.e.s d’affaire, grâce à vos efforts combinés, à toi et à papa, pendant plus de 20 ans!!
Plus j’avance dans la vie, plus je me rends compte des montagnes que tu as soulevées, pour nous, pour toi.
Côté boulot, il fallait toujours que tu étudies un nouveau domaine, une nouvelle spécialité, tu avais un insatiable appétit pour la connaissance, aller plus loin, ne jamais te reposer sur tes lauriers. De la médecine généraliste à la médecine scolaire, en passant par la médecine du sport, la nutrition, la médecine humanitaire et le sida, rien ne t’arrêtait. Je repense souvent à ces derniers mois, où tu étais malade, en traitement chimiothérapie, et tu continuais à te faire ton aller-retour hebdomadaire à Bruxelles pour étudier une nouvelle spécialité, en plus de ton boulot quotidien. Lever à 4h, départ du train à 6h30, cours toute la journée, retour le soir. Franchement, respect.
Côté famille, tu étais le pilier indestructible de notre petite cellule. Maintenant que je suis mère depuis un bon moment, je me rends bien sûr compte de l’énergie que cela demande d’être sur tous les fronts. Je t’en ai fait voir, côté santé, je réalise à quel point cela a dû être épuisant pour toi de m’avoir comme fille 🙂 Quand je vois comment je panique quand Lisa ou Maya ont un petit problème de santé, je me dis que tu as du te faire un paquet de cheveux blancs avec moi : l’asthme, les allergies, l’eczéma, la maladie coeliaque, les régimes sans gluten et sans oeufs, le choc à la noix de cajou, les hormones de croissance, l’insuffisance rénale 5 jours avant le bac, les entorses et fractures, non mais franchement quel calvaire pour un parent!! Tous ces rendez-vous à l’hôpital Saint Vincent de Paul qu’on faisait toutes les 2, tous ces tests, ces longues heures passées avec moult spécialistes, cela a dû t’inquiéter, te miner le moral, mais jamais tu ne me l’as fait ressentir. De ces moments-là, je ne me souviens que de ta présence réconfortante, ta solidité, tes bras et tes bisous, ton amour de chaque instant qui me disait “ça va aller”. A nouveau, je suis sidérée par la capacité que tu as eue à ne jamais me transmettre ton stress, tes peurs, tout en gérant tout le reste de ta vie, le boulot, le quotidien, la famille, comme une chef. C’était probablement moins facile que tu ne le laissais paraître, mais à mes yeux, tu étais un roc qui me protégeait et m’aimait, quoiqu’il arrive.
Il y a quand même eu quelques moments où le roc vacillait : je me rappelle cette fois à Montfort l’Amaury où tu étais malade (probablement une gastro, je te revois avec ta bouteille de liquide vert, l’hépatum je crois) et où j’étais dans ma chambre, je devais avoir 6 ou 7 ans. Tu m’appelais, je ne t’entendais pas, à un moment tu as crié mon nom, je suis descendue, et je t’ai trouvée en pleurs, courbée en 2. Premier choc de l’enfance : une maman, cela peut donc pleurer. Tu m’as expliqué que tu avais eu peur, un instant, que j’aie disparu. Peur ancestrale de tout parent qui avait dû te submerger de manière irrationnelle, à un moment de faiblesse physique. Cette fois-là, c’est moi qui t’ai calinée et remise au lit. Il y a eu aussi, bien sûr, l’Accident de ski avec un grand A. Des semaines d’hôpital, de fauteuil roulant, puis de rééducation. J’ai peu de souvenirs de cette période là, je crois que le cerveau bloque certaines choses pour se protéger. Mais à nouveau, je suis stupéfaite de ta ténacité et de ton courage. Franchement, échapper à la mort à 31 ans et se retrouver avec quasiment tous les membres cassés, cela pourrait flinguer plus d’une personne. Tu en as probablement beaucoup bavé, physiquement mais aussi mentalement, cela a dû être terrible de réapprendre à marcher, mais jamais, jamais, tu ne l’as fait ressentir à tes enfants, jamais tu ne nous as fait payer ta souffrance. Et c’est pourtant si facile d’en vouloir à la terre entière quand on souffre. Dernier souvenir du roc qui vacille : ton lumbago, quand j’avais une quinzaine d’années, un truc monstrueux qui t’a pliée en deux pendant des semaines. A nouveau, zéro plainte. En fait, côté souffrance, tu étais une grande stoïque!!
Stoïque, tu ne l’étais pas sur tous les sujets 🙂Parfois, tu sortais de tes gonds, et tu me passais un bon savon, mais en général je savais pourquoi je me faisais engueuler même si je n’étais pas toujours d’accord!! Car c’est vrai qu’on a eu quelques moments difficiles, quand j’étais ado, je te trouvais dure parfois. Mais rétrospectivement, je comprends la plupart des règles que tu imposais, et je les applique aujourd’hui avec Lisa et Maya!! Surtout, je vois maintenant à quel point tu faisais attention au fait de ne pas m’attaquer, moi, directement, sur ma personnalité, mais bien sur une action ou un problème précis. Même quand on se disputait, je n’ai jamais douté du fait que tu m’aimais. Et ça, je l’ai compris après, cela a été capital pour ma confiance en moi. Finalement, la seule chose que je n’ai jamais digérée, c’est cette interdiction d’aller dormir chez mes copines pendant l’année scolaire quand j’avais 15/16 ans. Je crois me souvenir que c’est arrivé après une nuit blanche chez une amie, mais franchement, si tu étais encore là aujourd’hui, je te demanderais des explications 🙂 Je m’étais jurée à l’époque que je n’imposerais jamais cette règle à mes enfants, et j’ai tenu bon, je n’ai jamais interdit un “sleepover”!!
Passés ces quelques moments de tension ponctuelle, ce dont je me souviens, c’est à quel point on était proches, autour de mes 17/18 ans et jusqu’à ce que tu nous quittes. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que tu étais devenue, plus qu’une mère encore, ma meilleure amie. Tu me faisais confiance, même quand mes choix n’étaient pas forcément ceux que tu aurais faits, tu partageais mes joies comme si tu les vivais aussi, tu étais aussi toujours là quand ça n’allait pas, sans poser de questions. Je me rappelle un moment où je n’étais pas très en forme, je ne sais plus bien pourquoi, et sur un coup de tête, tu m’as embarquée à Nice, pour quelques jours entre mère et fille, juste la mer, le soleil et nous deux. Tu avais compris que, malgré mes grands rêves d’indépendance, j’avais toujours envie et besoin d’être bichonnée. D’où les petits plats que tu me mitonnais tous les WE pour que je n’ai rien à cuisiner dans ma petite piaule en classe prépa à Sceaux. Autour de moi, on m’enviait ma mère et la relation que j’avais avec elle. Et d’ailleurs, tu as aussi été une vraie mère de substitution pour quelques copines de prépa dont les parents étaient loin.
J’ai tellement de souvenirs avec toi, j’aimerais tous les noter quelque part. Peut être que j’écrirai un jour cette somme de sensations, d’images et de valeurs que tu m’as transmises et qui font que je suis moi, et que tu es bien là à travers moi. Quand, comme moi, on ne croit en rien d’autre qu’à notre passage sur Terre, ce qui compte, c’est bien cela : tu vis à travers moi, maman, car sans toi, sans papa, je ne serais pas celle que je suis. Et cela continue à l’infini: Lisa et Maya, Auré, ses enfants. Ils et elles sont aussi la somme de tout ce que tu as été. Transformer les absences en présence de chaque instant : voilà la force de l’amour et de la transmission. C’est aussi le plus bel hommage qu’on puisse rendre à nos disparus. Comme dirait Glenn dans la série The Walking Dead (drôle de référence, je sais!!) : “You honor the dead by going on. Even when you’re scared. You live because they don’t get to.”
Je t’aime, maman.
Une belle année à toutes et tous! (si vous avez lu jusque là, désolée pour la longueur du post, j’écris autant pour moi que pour vous!)
Cela fait longtemps que je n’ai pas écrit, mais je me suis dit que l’anniversaire des un an de la pandémie était une bonne occasion, cela m’a donné la motivation nécessaire pour reprendre cette plume virtuelle (virtuel, le mot qu’on aura le plus entendu en 2020/2021!!!).
Un an donc que tout a fermé, aux Etats-Unis, en France et ailleurs.
En février 2020, on rentre de nos vacances au ski à Briançon avec la famille en passant par Milan, et au retour, on est étonné de voir pas mal de gens avec des masques à l’aéroport. Le lendemain de notre départ de Milan, l’Italie du Nord ferme ses frontières. Fin février, on entend un podcast du NY Times avec un épidémiologiste, à la suite duquel Gael et moi commandons (chacun de notre côté, sans nous concerter!), des kilos de riz, pâtes et lentilles “au cas où”. Mais tout paraît encore lointain et sous contrôle. En mars 2020, le festival que j’organise chaque année à NYC est quasiment le dernier festival américain à avoir lieu physiquement, avant d’être interrompu au milieu de l’évènement. Nous voilà donc, un an après, et je viens de finir un festival 100% virtuel qui a eu le mérite d’amener 18 beaux films français dans tous les Etats-Unis, même si l’excitation et même le stress de l’organisation de l’évènement physique m’ont grandement manqué 🙂
Personne évidemment n’imaginait l’impact que cela aurait sur nos vies, pendant très longtemps. On a eu la chance de garder nos boulots et de ne pas avoir, en plus de tout le reste, le stress économique. Pour le reste, on a tenté, comme on pouvait, de ne pas trop subir cette situation mais d’essayer d’en faire une opportunité pour tenter des choses différentes, des aventures qu’on n’aurait jamais faites.
Alors voilà, je tente un petit bilan de cette année folle.
Premier impact majeur sur nos vies : les écoles publiques de NY ont fermé il y a un an et n’ont jamais vraiment rouvert. Nos filles sont à la maison en “remote learning”/télé-enseignement depuis un an. Je relis cette phrase et j’ai moi-même du mal à le croire. Cela fait un an que tous les 4, nous travaillons tous ensemble, jour après jour, dans le même espace!!
Au-delà du fait que la gestion de l’éducation pendant la pandémie a été une catastrophe dans ce pays (il va falloir des années pour que les gamins qui ont décroché rattrapent tout cela), pour notre cas personnel, je peux dire qu’on a été hyper impressionné par le volontarisme des profs qui se sont tous mis à zoom, et ont du, pendant de longs mois, faire cours face à leur écran, avec tous les problèmes d’informatique et d’internet sans parler des élèves démobilisés et sans camera. Franchement, c’est héroïque d’avoir su insuffler un peu de passion dans des conditions pareilles!
Et je profite de ce blog pour dire bravo à nos filles (qui sait, elles le liront peut être un jour) car elles ont mis à profit cette situation délirante pour devenir extrêmement autonomes dans leur travail, très organisées et ont continué à récolter bonnes notes et félicitations de leurs professeurs. On mesure notre chance!
Le fait de pouvoir faire l’école à distance d’à peu près n’importe où a quand même ses avantages et quitte à être coincés tous les quatre, on décide d’en profiter!
Au printemps 2020, on passe d’abord 2 bons mois dans notre maison de campagne à Callicoon, dont une bonne partie en mode kibboutz avec nos copains Marie et Pierre et leurs 3 enfants, Thomas (qui est dans la même classe que Maya), Fleur et Camille. On découvre les joies de la vie en communauté à un moment où on ne peut voir personne et où la situation à NYC est catastrophique, on cuisine comme jamais et en grosse quantité, on tente des recettes folles et on descend pas mal de bouteilles (car à quoi bon faire une bonne bouffe si c’est pour la manger avec de l’eau!!). Et surtout, la joyeuse bande d’enfants de 5 à 12 ans affrontent les premiers mois un peu chaotiques du télé-enseignement collectivement, ce qui est un vrai plus. On tente aussi la vie en (quasi) autarcie : on fait notre potager en mode sauvage (il ne prend d’ailleurs jamais vraiment, même si la moindre feuille de salade qui apparaît nous met en grande joie), Gael se prend de passion pour les poules, achète 6 poussins tout mignons et construit un poulailler supersonique, mais les oeufs se font attendre (on découvre au passage qu’une poule ne pond pas directement :-)), et les poules attaquer (même si on dit aux enfants qu’elles sont parties en voyage), bref on constate après quelques mois que, côté retour aux sources, on n’est pas encore tout à fait mûr.
Retour à NYC fin mai 2020, la ville nous manque et la maison est louée. Le pic de la crise est certes passé mais tout le monde a été traumatisé par le niveau de morts et de malades à NY donc la ville tourne toujours au ralenti, rien ne rouvre, tout le monde porte un masque, on revoit quelques potes, mais en mode extérieur. On participe aussi aux flamboyantes manifestations Black Lives Matter, un grand et fort moment qu’on est heureux de vivre à NY : des dizaines de milliers de gens défilent pacifiquement ensemble pour dire que cela suffit. On fait des pancartes avec Lisa et Maya et on réfléchit tous ensemble au privilège bien réel qu’apporte le fait d’être blanc. Cela n’empêche pas d’estimer à sa juste mesure la valeur des efforts individuels, mais cela permet de comprendre que certaines choses ouvrent des portes qui restent fermées pour d’autres, et la moindre des choses est d’en avoir conscience.
Trêve de réflexion politique, il faut aussi savoir réaliser ses rêves. Le grand rêve de Gaël depuis toujours, c’est de voler. Il est prêt depuis des années, il ne manquait que l’opportunité, les sous mis de côté petit à petit et le cap des 40 ans qui te rappelle qu’il faut pas trop tarder quand même. A que cela ne tienne! Puisque les vacances d’été en France tombent à l’eau, nous repartons nous installer fin juin dans la petite bourgade de Montgomery, NY, à 1h15 de route de Manhattan pour 2 semaines de cours de pilotage intensifs. Quand je dis intensif, c’est intensif : 7 jours sur 7, toute la journée et parfois de nuit. A l’école de pilotage, personne ne croit que c’est possible de décrocher sa licence de pilotage en si peu de temps. Mais au bout d’une semaine, Gael fait son premier vol en solo (heureusement je n’étais pas au courant!!), au bout de 2 semaines, il est prêt pour le permis. Et après quelques péripéties rocambolesques pour passer l’examen (qui incluent une gastro fulgurante, le mauvais temps et une nuit aux urgences!!), il finit par décrocher sa licence le 25 juillet 2020! A nous le ciel américain 🙂 Nos premiers voyages en famille pendant l’été sont magiques : escapade à la journée sur une petite île, Block Island, fabuleux survol de la skyline de Manhattan, on en prend plein les yeux. Et moi j’ai une confiance sans limite en mon pilote préféré.
De mon côté, en juillet, je passe sur le billard pour une opération qui avait été reportée à cause de la pandémie. Tout se passe bien, mais 3 jours après l’intervention, je suis terrassée par un infarctus rénal qui me vaut une visite aux urgences de Callicoon (la nuit précédant le permis avion de Gael, sinon ce ne serait pas drôle), un transport en ambulance le lendemain puis 5 jours d’hôpital à NYC avec le stress du COVID. Comme d’habitude, je suis un mystère pour la science. Personne ne comprend ce qui m’est arrivé, les médecins que je rencontre n’ont jamais vu d’infarctus du rein en 30 ans de carrière, tout le monde y perd son latin et cela ne m’étonne pas : en matière de santé, j’ai toujours été la reine des statistiques improbables! Bref, je m’en tire avec 6 mois de piqûres d’anticoagulants, une batterie de spécialistes qui me suivent et la certitude renforcée qu’où que j’aille désormais, il me faut toujours un hôpital pas loin 🙂
Pour nous remettre de nos émotions, on se fait des petits séjour plage/mer, à Shelter Island avec nos copains Sophie et Seb, puis du côté de Cape May et Ocean City dans le New Jersey. C’est chouette, mais la France nous manque, un été sans vacances avec la famille et les potes français, ce n’est pas vraiment un été. Quand on apprend autour de mi-août que, dans le meilleur des cas, les écoles ne rouvriront à la rentrée que pour un jour par semaine, on décide en quelques jours de ne pas subir les ouvertures/fermetures des écoles au gré du virus mais de prendre le taureau par les cornes et d’aller passer 2 mois en France en septembre et octobre, avec Briançon comme camp de base. Bilan : l’école à la maison depuis les Alpes entre 14h et 20h, décalage horaire oblige, mais aussi 2 mois de vadrouille, avec en tout pas moins de 10 étapes dans toute la France: Tours, Paris, Auvergne, Annecy, Bourgogne, Briançon, Ranquet, Orpierre pour grimper avec Pascal, Cahors, le Tarn. Copains (Céline et Ronan, Camille et Adrien), famille, mariage du cousin, escalade, rando, cure de bouffe française (aaaah le saucisson, aaaah les crêpes sarrazin qu’on achète toutes prêtes!), télé-travail et télé-école dans toutes les conditions (en voiture, entassés dans une pièce avec nos casques, avec une connexion internet pourrie et les vidéos qui gèlent sur l’écran, avec les copains qui tournoient autour). Je crois qu’à l’issue de cette formation intensive, nos filles seront capables de travailler partout et dans n’importe quelles conditions, elles auront au moins appris la souplesse!!
Retour à NY fin octobre, un peu en catastrophe, juste avant le 2ème confinement en France. On sent bien depuis quelques jours que la situation commence à sentir le roussi, on a l’impression de zigzaguer entre les cas, et après un petit coup de flippe, on décide sur une aire d’autoroute de changer nos billets et de “s’extraire” du pays le lendemain pour ne pas rester coincés au cas où les frontières referment, alors qu’on est censé voter à notre première élection présidentielle américaine!
On retrouve avec plaisir notre appartement, le petit oiseau Wall-E, on fait Halloween en quarantaine, puis on vote par procuration pour Biden car on n’a pas le droit de sortir de chez nous et on passe des nuits blanches à attendre les résultats en devenant expert du système électoral américain ultra complexe! Gaël fabrique même des réseaux de neurones pour prédire les résultats ville par ville dans les Etats clés!! Et finalement, le 8 novembre au matin, les klaxons résonnent dans New York et on comprend que c’est gagné, la ville est en liesse, les gens chantent aux fenêtres et on ouvre le champagne pour fêter le départ de Trump! Mais la situation est toujours tendue à NY et l’approche de l’hiver ne rend pas les choses plus facile. Les écoles referment pour de bon et nous on décide de continuer à essayer de voir le bon côté de la situation : on s’envole pour Porto Rico pour 6 semaines.
Quel bonheur de se retrouver fin novembre dans la moiteur d’une île des Caraïbes. On a une chouette petite maison, avec un grand balcon, des cocotiers, des iguanes et une jolie plage à moins de 100 mètres. Il y a pas mal de restrictions liées au Covid, mais on arrive quand même à explorer l’Ouest de l’île et à arpenter San Juan, la capitale, et ses jolies petites rues colorées. Clou du séjour : une excursion en avion avec le roi des pilotes. On en prend plein les yeux en survolant la mer des Caraïbes avant d’atterrir sur la petite île de Vieques où on explore pendant quelques heures des plages paradisiaques en mangeant la spécialité locale à base de banane plantain, le monfogo. Des fois il y a des moments de bonheur pur, et celui là en est un. Aventure aviation Puerto Rico
Comme j’aime pousser l’expérience locale jusqu’au bout, je fais mon petit tour habituel aux urgences de San Juan : au menu, ambiance covid et environnement 100% hispanophone, une vraie galère! Puis les vacances de Noel arrivent, c’est très étrange pour nous de passer les fêtes de fin d’année dans la chaleur. Le plus drôle c’est que les Portoricains sont à fond sur Noël, donc on voit éclore des décorations géantes avec gros bonhommes de neige et sapins blancs gonflables dans les jardins, sur fond de cocotiers. On se fait un Noël 100% virtuel (pour changer) avec, pour chacun, présentation powerpoint des cadeaux qui attendent à NY!
Puis c’est le retour à NYC début janvier, on est presque contents de retrouver la neige et le froid, de sortir les doudounes. Finalement, je me rends compte que j’aime bien les saisons! On alterne NYC et la maison de campagne, histoire de casser la monotonie du quotidien, mais à ce stade, on s’est tellement habitués au fait d’être tous ensemble 24h sur 24 que quand l’un de nous sort pendant 3 heures, les autres sont stupéfaits et sortent des trucs du genre “ça fait hyper longtemps que je t’ai pas vue” (euh bah non, ça fait 3 heures!!). Bref, ça va nous faire tout drôle quand chacun revivra sa vie au quotidien! On reprend aussi un semblant de vie sociale, ponctuée de tests PCR avant et après, la nouvelle normalité quoi, et on se retrouve ainsi dans le Vermont avec une grosse bande de copains pour une semaine de ski dans une station hors de prix MAIS qui ressemble un peu et de loin (!!) à une station des Alpes avec des télésièges rapides et des pistes dignes de ce nom. Bref on se régale dans tous les sens du terme, entre ski, snowboard, et fromage sous toutes ses formes (et le fameux coq au vin de Gael!).
Et finalement, le jour tant attendu arrive : le 25 mars 2021, Gael et moi recevons notre 2ème dose de vaccin. Rien que de l’écrire, j’ai envie de chialer! NY s’est mise à revivre depuis quelques semaines, entre la vaccination accélérée et les réouvertures, et j’ai même pu retrouver le chemin des cinémas, après un an de fermeture, émotion! Je finis ce looooong post sur ce semblant de normalité retrouvée, et même si on a fait une croix sur les écoles jusqu’à septembre, on a l’impression de tenir le bon bout!
Un an déjà que je n’ai pas écrit. Je me rappelle, quand j’étais ado, mes parents disaient toujours que le temps passait de plus en plus vite. Honnêtement, je pensais que c’était juste des mots, une posture, mais force est de constater que, à presque 40 ans, on entre dans un espace-temps différent qui semble effectivement tout accélérer! Bref tout cela pour dire que, en un an, je n’ai pas trouvé une minute pour me poser et prendre la plume.
Donc je vais tenter un petit résumé de cette année qui vient de s’écouler.
Pour leurs premières vacances de l’année 2019, les filles ont pris leur avion seules pour se rendre à Tours, chez Dominique, pour une semaine de détente avec la grande copine de Lisa, Sylvaine, repartie de NY l’été d’avant. Au menu : tennis, châteaux de la Loire, et repas dans le jardin (il faisait 20 degrés en plein février, le réchauffement climatique dérègle décidément tout).
Le 12 avril 2019, Gaël et moi sommes devenus Américains après presque 11 ans sur le territoire et 6 ans de carte verte! La petite cérémonie nous a mis la larme à l’oeil, même si la vidéo de Trump nous a cassé le moment, on a secoué nos petits drapeaux américains la main sur le coeur tout en entonnant l’hymne américain en compagnie de 350 autres personnes originaires de 50 pays différents et on a récupéré nos certificats de naturalisation en défilant tous sur une estrade. Lisa est devenue américaine par ricochet, donc nous voilà désormais tous les 4 bi-nationaux, ce qui nous donne le droit de voter, de repartir vivre ailleurs tout en étant toujours libres de nous réinstaller aux USA, et enfin de payer des impôts américains à vie!
Pour fêter cela, nous nous sommes envolés pour Hawaï pour les vacances de printemps : 10 jours d’exploration fabuleux sur l’ile de Maui à partir d’un camp de base à Lahaina, au bord de l’Ocean, avec 25 grosses tortues qui nous attendaient sur la place chaque jour. On a découvert les joies des sorties à 4 avec masques et tubas : fonds marins fabuleux, nage avec des énormes tortues, on avait honnêtement l’impression de plonger dans un aquarium rempli de bans de poissons exotiques. Voici le film de notre première sortie! Ca va être difficile de battre les fonds hawaiiens!! On est parti en quête de baleines sur un bateau, et, en se tordant un peu le cou, on a réussi à en apercevoir quelques unes, de loin! Nous avons également profité de la tradition locale du luau, sorte de grand banquet avec cochon cuit à la braise, thon cru et autres mets délicieux, accompagné d’un spectacle de danses locales et de cracheurs de feu. On a aussi été soufflé par les paysages du volcan Haleakala, qui culmine à 3200m : la randonnée du cratère commence par une descente et se finit par la remontée, Lisa galopait en tête mais Maya râlait sec, peu sensible à la beauté des paysages d’ocre et de montagne qui l’entouraient!!
Enfin, nous sommes partis camper sur la côte Est de l’ile, du côté de Hana, au Waianapanapa State Park, un parc naturel de sable noir, entouré de roches volcaniques. On a été bluffé par les paysages, et même si le camping était rudimentaire (genre une seule douche en extérieur pour tout le monde), on avait loué tente et matériel sur place et c’était super douillet : matelas gonflable, draps et couverture qui sentent bons, tente canadienne dans laquelle on peut presque tenir debout! Photos Hawaii
Après Hawai, retour à la réalité new-yorkaise : WE callicoonesques dans notre maison de campagne, Festival de Cannes, 40 ans de notre copine Marie, fin de l’année scolaire et hop c’était l’été et le début de l’épisode visites familiales. Nous avons en effet fait carton plein cet été avec le père de Gaël, Jean-Pierre, puis Aurélien, Dorothée et nos 3 amours de neveux et nièces, puis fin aout, la tribu Loyan, j’ai nommé Brigitte, Vivien, et les petits Benjamin, Louise et Arthur.
Tourisme à NY, WE à Philadelphie avec Auré & co et les copains de toujours Baptiste et Claire, et surtout Callicooon, le hit des petits et des grands, son étang avec baignade et pêche, son tout nouveau ponton, construit avec amour par Gael et son père, son grand jardin qui semble fait pour les parties de gamelle et de “attrape l’étendard”, sa salle de jeu idéale pour les spectacles en tout genre, ses grandes bouffes au barbecue, son vin qui coule à flot, sa cabane dans les arbres, ses mouches, son tout nouveau potager, fait à l’arrache par Gael et moi mi juillet. Ce potager a tout de même donné 4 courgettes, 3 radis, 7 carottes, au moins 10 salades (olé!), du basilic et de la menthe à gogo, 2 melons pourris (on croyait que c’était des courgettes rondes), bref, on n’était pas peu fier de notre premier essai “retour à la nature”, même si on n’a pas tout à fait atteint l’autosuffisance. Gaël a fièrement planté son érable, qui va mettre 100 ans à pousser, mais il est là, seul et fier au milieu du champ 🙂
Comme l’été rime avec retour en France, on s’est envolé pour 4 semaines pour notre traditionnel tour familial et amical. On a commencé par les copains : Adrien & Camille aux Pieux dans le Cotentin puis Emeline et David à Angles en Vendée. J’en ai profité pour retrouver avec bonheur mes petits filleuls Alexandre et Evan. Au programme : balades sur les plages désertes et ensoleillées (si si) de Normandie, au milieu des quelques bunkers, surf et baignade en combinaison intégrale pour ne pas trop se geler, avec mention spéciale à ceux qui ont réussi à décoller leurs fesses de la planche pour se mettre debout (Alexandre, Lisa, Adrien et Gael); visite de l’aquarium/musée de la science de Cherbourg (trop contente d’être dans la ville des Parapluies de Cherbourg!!), et surtout profiter des copains dans leur belle maison avec leurs poules et leur chien! Côté Vendée, les filles ont découvert le bonheur de se faire rouler dans des vagues immenses, elles qui en avaient peur ont été conquises dés le premier jour. Aventuriers que nous sommes, nous avons également affronté la pluie pour se faire une virée à l’ile d’Aix, avec visite de l’ile en vélo et chasse au trésor dans le fort du coin, tout ça ponctué d’un délicieux dîner à La Rochelle. Après les copains, direction Tours pour une petite semaine en famille, et une petite virée en amoureux à Paris pour Gael et moi! Puis nous avons retrouvé notre petit nid briançonnais pour quelques jours de rando, d’école de l’aventure, via ferrata avec les copains Pascal et Estelle et Céline et Ronan et un premier canyoning en famille, avec des sauts de 5/6 mètres parfois et une eau glaciale, dont Maya se souviendra longtemps je pense!! Photos Cotentin 2019 Photos Vendée 2019 Tours été 2019 Photos Briançon été 2019
Je finis la narration voyages de 2019 par l’épopée Ottawa pour Thanksgiving. Avec nos potes Sophie et Sebastien, on avait décidé de rendre visite à la famille Renard, récemment exilée à Ottawa. 7h de route à l’aller et près de 12h au retour car on a été pris dans une tempête de neige et de glace! Gael s’est bousillé le dos à rester assis pendant des heures (bizarrement il ne voulait pas que je conduise sur les routes glacées) mais on ne regrette pas car on a bien festoyé autour d’une oie délicieuse avec tous les copains, et on a arpenté la capitale canadienne, son parlement, ses musées et… ben c’est tout 🙂 Photos Ottawa 2019 avec Sophie, Seb et les Renard
Nous attendons les vacances de Noël avec impatience, ce sera calme cette année, nous restons à NY et passons les fêtes à Callicoon!
Prochain épisode (dans pas longtemps) : le point sur Maya et Lisa!
En ce 1er janvier, nous vous souhaitons à tous une très belle année 2018, pleine de tendresse, de surprises et de santé!
Le 1er janvier est toujours une date mi figue, mi raisin dans notre famille.
15 ans que ma mère est décédée aujourd’hui. C’est un chiffre qui fait peur, c’est tellement long 15 ans, j’ai presque du mal à croire qu’on a réussi à continuer de vivre, toutes ces années, sans elle.
Le manque est apaisé, certes, après tout ce temps. Mais il reste manque, un manque qui se creuse et se ressent dans les petits gestes du quotidien comme dans les grands moments de nos vies.
J’ai retrouvé quelques photos de maman jeune, j’avais envie de les partager, pour que son visage et son sourire restent dans la mémoire de tous et pour faire ressurgir quelques souvenirs d’enfant. C’est troublant de revoir ces photos en étant désormais mère moi-même et en étant, aujourd’hui, plus âgée qu’elle ne l’était sur ces quelques portraits.
Je me prête à rêver à ce dialogue ininterrompu que j’aurais eu avec elle si elle était encore là. Je suis sure qu’elle aurait été la reine des textos, whatsapp et autres applications de communication en tout genre, elle qui a été l’une des pionnières du téléphone portable! On se serait envoyé des petits mots et des petites photos tous les jours, pour partager les petits bonheurs et les petits malheurs du quotidien, et elle aurait pris le Paris-NY comme on prend le train en France.
Bien sur, on se serait tapé sur les nerfs aussi, je pense qu’elle aurait aimé mettre son grain de sel dans l’éducation des filles, qu’elle aurait trouvé qu’on ne passait pas assez de temps avec elle, bref tout ce qui fait le sel des relations avec les parents.
Mais au final, je crois qu’en nous voyant, mon frère et moi, et ses 5 petits enfants, elle se serait dit qu’on s’en sortait plutôt bien, et que mon père et elle avaient fait du bon boulot avec leurs enfants!
Lisa et Maya évoquent parfois leur grand mère, regardent les photos, réclament des anecdotes de mon enfance et affectionnent particulièrement les scènes où – ado – je me fais engueuler par ma mère. Normal 🙂
De mon côté, je leur transmets du mieux que je peux ce mélange très fort de tendresse, d’exigence et d’humanisme qui pour moi a toujours été la caractéristique de ma mère.
Et c’est à travers cela, à travers ces souvenirs, à travers ces valeurs qu’elle nous a transmises et que nous transmettons à notre tour, qu’elle continue de vivre en nous tous.
Très belle année à tous, et n’oublions pas de profiter de chaque petit moment, la vie est fragile!
Et en bonus, quelques photos de notre Noël à Callicoon!
A l’heure des fêtes de fin d’année, que nous avons passées dans une ambiance tranquille à NY avec Mamido et Robin, il est temps de revenir sur les quelques derniers mois de l’année.
L’été 2015 fut placé sous le signe des amis et de la famille.
Lisa et Maya ont commencé leur été entre poneys et piscine à Tours avec Mamido, Lisa découvrant les joies du galop et du crawl, pendant que Maya apprenait à nager tranquillement tout en constatant qu’elle détestait les cours de piscine 🙂 Puis direction Saint Raphael, où elles ont découvert tous les secrets des ânes sous la houlette de Brigitte. Avec mon père, mon frère et sa famille, nous avons ensuite passé une semaine de sérénité absolue dans un grand gite en Ardèche, un séjour ponctué de balades dans la région autour de lacs volcaniques, d’acrobranche, de kayak et d’exploration de grottes dans les gorges de l’Ardèche. Les cousines ont profité à fond du jardin et de la piscine, les bouteilles de vin ont coulé à flot et Lisa est devenue la maitresse du feu incontestée du séjour, gérant avec son père tous les barbecues. Après ce super séjour en Ardèche, nous avons continué notre périple français à Tours avant de terminer par quelques jours à Paris, remplis d’escapades culturelles : musée picasso, aquarium du trocadéro, jardin de plantes, galerie de l’évolution, cinéma… Nous avons eu aussi le plaisir de retrouver toute notre bande de potes au mariage de Céline et Clément pour un WE festif autour de leur amour et de leurs 2 magnifiques petits garçons. Une belle cérémonie laïque, un super méchoui, du champagne à flot, des jeux délirants (Gael a participé à l’un d’entre eux et Lisa et Maya à fond pour leur père, ont failli pleurer quand il a perdu!!), des discours en forme de madeleines de Proust sur nos années prépa, et de la danse jusqu’au bout de la nuit (Lisa a enflammé la piste de danse, comme à son habitude, jusqu’à 2h30 du mat’ alors que Maya s’était écroulée dans un coin). Que du bonheur quoi.
Après ces folles semaines françaises, retour à NY pour quelques folles semaines new-yorkaises, toujours sous le signe de la famille et des amis. Emeline, David, Joshua et mon magnifique petit filleul Evan ont traversé l’Atlantique pour 3 semaines d’escapade américaine. Après quelques jours hyper relaxants dans la campagne de la vallée de l’Hudson, nous avons sillonné la ville avec les enfants. Joshua, Maya et Lisa sont devenus inséparables, toujours ensemble pour faire les fous, mais aussi toujours en train de se chamailler.
Joshua et Maya aimant chacun avoir le dernier mot, je ne vous raconte pas les discussions sans fin. Joshua, à bout de nerfs, finissait parfois par crier à Maya : “mais, arrête, arrête, tu ne te tais jamais ou quoi!” (et je confirme, maya est une pipelette invétérée…). Il y a eu les moments émouvants aussi pendant lesquels les enfants évoquaient entre eux leurs grand-mères disparues – Joshua a perdu sa grand-mère il y a 3 mois et il parlait de sa peine. Lisa, pour le consoler, lui a dit : “mais toi, au moins, tu as des souvenirs de ta grand-mère, nous on ne l’a pas connue….”. Et puis les moments d’hilarité collective où chacun des enfants racontaient ses bêtises d’enfants (quand j’étais petit(e), disent-ils, comme s’ils étaient déjà si grands!!). Mention spéciale à Joshua qui voulait jeter son petit frère de 6 mois à la poubelle, à Maya qui a repeint l’hôtesse de l’air avec sa compote, ou à Lisa qui a déposé sa crotte comme un trésor sur ma poitrine quand je dormais!!! Quant à Evan, 18 mois, un sourire à faire fondre, c’est un vrai fanatique du ballon mais qui adore aussi passer le balai (on appréciera les hommes modernes dés le berceau). Bref, on a passé 3 semaines géniales avec ces amis de toujours, et ce n’était que du bonheur que de voir notre marmaille jouer, se chamailler et rigoler ensemble.
Après les amis, place à la famille. Les Collot ont débarqué de leur Auvergne natale pour leur grand voyage américain.
Première fois en avion pour Michel, ce n’était pas rien. Le séjour a commencé de manière cocasse car je m’étais trompée d’un jour sur leur arrivée. Donc inquiète de ne pas les voir arriver, je les ai réveillés en pleine nuit alors qu’ils dormaient paisiblement à Riom pour leur demander où ils étaient!! Après ce début fracassant, nous avons passé 3 belles semaines ponctuées de petites escapades, notamment à Fire Island pour une journée plage, au musée Dia dans la petite ville de Beacon pour une journée art contemporain , et le tour de Manhattan à vélo (35 km, et devinez qui a eu mal aux cuisses – certainement pas ma marathonienne de tante, ni mon oncle fou de vélo).
Après ce bel été, nous avons repris le chemin de la rentrée. Lisa en 3rd Grade (équivalent CE2) et Maya en Kindergarden (Grande section de maternelle). Pour Maya, qui se retrouve dans la même école que sa soeur, cette rentrée à l’école primaire a été super facile: son amoureux de toujours Thomas est dans la même classe qu’elle et elle connait l’école grâce à sa soeur. Apparemment dés que Lisa et Maya se croisent dans l’école ou à la cantine, elles s’étreignent comme si elles ne s’étaient pas vues depuis des mois, sous l’oeil amusé et ému (et parfois un peu agacé quand même…) des maîtresses. Ces petites n’arrêtent pas de se chamailler à la maison, mais elles sont complètement fusionelles dés qu’elles sont à l’extérieur!
Pour Lisa, le 3rd Grade, ça ne rigole pas. Beaucoup de devoirs, une maîtresse qui explique bien et qui apprend beaucoup de choses, mais qui n’est pas la reine de la psychologie (elle adore comparer les élèves entre eux pour émuler ou humilier, c’est selon), et des examens en fin d’année qui compteront pour l’entrée au collège (déjà!!). Mais Lisa s’accroche bien et elle a de supers copains dans cette classe. Elle a aussi été sélectionnée, avec 3 autres enfants de sa classe, pour participer à une session de danse permettant de repérer de futurs
danseurs. Pas qu’elle/on ait réellement envie de cela, mais elle est très fière d’avoir été prise pour la première session.
Maya, elle, a 2 chouettes maitresses, une pour l’anglais, l’autre pour le français, et commence tranquillement à apprendre à lire. Elles se sont mises au karaté cette année toutes les 2 et notre quotidien est soudainement rempli de cris japonais genre “Hus” qui veut dire “je fais de mon mieux en toute occasion”. Très pratique pour les filles qui me rétorquent Hus quand je fais une remarque un peu négative à la maison. Bon en tout cas, cela a le mérite de bien canaliser l’énergie de Lisa.
Quant à Gael et moi, nous profitons à fond de notre vie new-yorkaise : les WE à la campagne entre copains, les sorties au cinéma,
les concerts (Stromae à Madison Square Garden!), les restos, les voyages. Gael a commencé un nouveau boulot qui lui laisse pas mal de liberté. Je continue de voyager autour du globe, de la Pologne à LA, en passant par Toronto et Miami. On ne se plaint pas, la vie est belle.
Je termine ce petit bilan en vous souhaitant à tous une magnifique année 2016. Et comme chaque fois à cette période là de l’année, je pense fort à ma mère. Cela me fait penser au dernier film de Nanni Moretti Mia Madre et à ce que dit le personnage du fils sur sa mère qui vient de mourir : “elle nous a appris la vie, elle fera toujours partie de nous”. C’est si vrai….
Comme chaque année, le 1er janvier est un cap douloureux à passer.
Cela fait aujourd’hui 10 ans que nous t’avons dit au revoir. 10 ans, c’est presqu’un tiers de ma vie. C’est difficile de se dire cela : 1/3 de ma vie sans toi. Avec les années qui passent, ma plus grande peur, c’est d’oublier certaines choses. Mais je me souviens de tout, ta voix, ton visage, ton rire, tes colères, tu m’accompagnes partout. Je rêve souvent de toi et j’ai l’impression que tu me rends visite, c’est chouette.
A l’heure des bilans de 2012, je peux te dire qu’il y a eu de très belles choses, mais aussi de terribles moments.
Tu aurais été heureuse de voir tes petites filles grandir, et je dois te dire que c’est aujourd’hui mon plus grand bonheur : les voir découvrir la vie, apprendre chaque jour de nouvelles choses, les savoir en bonne santé, et être émue jusqu’aux larmes par certains de leurs petits gestes quotidiens, par certaines de leurs phrases, voilà ce qui compte pour moi aujourd’hui. Je les aime comme tu nous as aimés, mon frère et moi, et comme tu les aurais aimées. En les voyant grandir aujourd’hui, je repense à beaucoup de choses que tu m’as dites, que tu as faites, tout au long de ma jeunesse, et tout prend un nouveau sens.
Tu aurais été heureuse aussi de voir que Gaël, après 10 ans de couple, continue d’être l’homme qui me fait rire et rêver, lui qui avait su te charmer à l’époque en te chantant une chanson de Brassens.
Enfin, tu aurais été heureuse de voir que la famille continue de s’agrandir avec l’arrivée de ma jolie nièce Jeanne en juillet dernier. J’ai toujours du mal à réaliser que mon petit frère est papa! Lisa, Maya et Jeanne vont faire une sacrée bande de cousines, et ça, ça t’aurait fait super plaisir.
Malheureusement, chaque année a son lot de malheur, comme pour nous rappeler à quel point la vie est courte, à quel point nous sommes peu de choses. Il y a 6 mois, mon amie Isabelle est décédée. Cela a laissé un grand vide dans ma vie. J’ai eu l’impression étrange de te perdre une deuxième fois.
2013 est là maintenant et je me réjouis de cette nouvelle année. C’est pourquoi je termine cette petite lettre par une note dansante et chantante de tes petites filles. Tu vas voir, cela donne la pêche pour entamer la nouvelle année!
Mon amie Isabelle s’est éteinte cette nuit. Elle avait 47 ans.
J’ai rencontré Isabelle il y a 4 ans, presque jour pour jour. C’était 2 mois tout juste avant de partir vivre à NY. Je me rappelle encore l’entretien que je lui ai fait passer pour venir travailler avec moi chez Europa Distribution.
Après un mois de travail ensemble, je savais que j’avais trouvé mon âme sœur en termes de travail. Nous nous comprenions parfaitement, tout était facile.
Je suis partie à NY, et nous avons commencé à nous appeler tous les jours, sur skype, comme si nous partagions un vrai bureau.
Après 3 mois, j’ai compris qu’Isabelle était bien plus qu’une simple collègue : c’était devenu une amie, peut-être même une grande sœur. Nous nous ressemblions beaucoup, nous avions vécu des choses similaires (le décès de nos mères quand nous étions encore jeunes) et nous avions la même approche de la vie et du travail.
Nous nous retrouvions lors de nos déplacements professionnels dans tous les coins de l’Europe: San Sebastian, Annecy, Sofia, Berlin, Cannes, Locarno, Bruxelles. Nous bossions, mais surtout nous parlions et rigolions tellement ensemble, autour d’un bon repas et d’une bonne bouteille. Elle venait régulièrement me voir à NY; quand j’étais à Paris, j’habitais chez elle.
Ensemble, nous avons fait grandir Europa Distribution, et l’avons transformé en acteur incontournable du cinéma européen.
Ensemble nous avons décidé de créer une société, Black Rabbit Film, pour pouvoir mener à bien tous les projets qui nous passionnaient. Nous étions complémentaires, elle, l’avocate fiscaliste reconvertie au cinéma indépendant, moi, la littéraire de service suffisamment pragmatique pour envisager le côté business des choses. Nous formions un duo de choc, nous nous stimulions mutuellement. Nous avons produit notre premier court-métrage, créé des passerelles entre cinéma indépendant américain et marché européen, développé un atelier professionnalisant en Jordanie pour des distributeurs de film de la Méditerranée. Nous étions sur tous les fronts.
Mais la maladie est arrivée. En Septembre 2011. Je me rappelle encore ce coup de téléphone terrible, un matin : c’est un cancer.
Dans ma tête sont revenus tous les flashbacks de la maladie de ma mère.
Mais Isabelle a pris le taureau par les cornes. Elle a abordé sa maladie comme on aborde un problème qui a forcément une solution. Elle a continué de travailler, de se déplacer, de prendre des cours de danse. Après sa première chimio, elle s’est rasée la tête comme pour avoir le dessus sur la maladie, et non pas la subir.
Après 4 mois de chimio et une opération, elle était toujours aussi resplendissante. Personne n’aurait pu se douter de son combat contre la maladie. Mais les résultats sont tombés, il restait des cellules cancéreuses. Malgré tout, tout le monde, y compris les médecins, y croyaient car sa forme olympique constituait un gigantesque pied de nez à la maladie.
Puis les premières douleurs dans le ventre sont arrivées. Nous avons passé ensemble un festival de Cannes tranquille, elle était fatiguée, mais elle faisait les RDV, puis allait se reposer. On a dîné ensemble, rigolé. Beaucoup parlé aussi : je suivais sa maladie et ses traitements au quotidien, nous en parlions beaucoup, de manière très naturelle. C’était sa grande force : nous faire oublier par sa présence rieuse la maladie tout en étant très lucide sur sa condition. Nous avons fait une montée des marches ensemble, pour voir AMOUR de Michael Haneke. Nous étions bouleversées par le film et elle m’a dit alors cette phrase terrible : « cela ne donne pas envie de vieillir ». Si nous avions su.
Puis tout s’est accéléré. Je n’ai rien compris. Comme si son corps, après tous ces mois de combat, avait lâché d’un coup.
En 3 semaines, elle est partie.
Tout s’est brouillé en moi. Isabelle avait 47 ans, ma mère avait 47 ans. Après avoir perdu une maman, j’ai perdu une sœur de coeur, une amie, une associée, une collègue. Je l’ai perdue dans les mêmes conditions, celles qui font croire pendant des mois que tout est encore possible, avant d’anéantir l’espoir et de vous laisser face au vide, à la mort, au manque.
Isabelle, tu as été l’une des personnes les plus importantes pour moi. Je ne t’ai connue que 4 ans, mais ces 4 ans furent suffisants pour que tu me marques à jamais. Nos conversations, ta voix rieuse et douce vont tant me manquer au quotidien. Nos projets, je les mènerai jusqu’au bout, pour toi, pour nous. Et tu resteras toujours là auprès de moi, au fond de ma tête et de mon cœur, avec ta joie de vivre, ta combativité, ta douceur, ton port de reine, ton intelligence.
Je pense aujourd’hui à tous ceux qui sont partis trop tôt : ma mère, Christine, mon oncle Michel, et maintenant Isabelle. Je pense aussi à tous ceux qui restent, les maris, femmes et conjoint(e)s, les enfants, les frères et sœurs, les amis, les collègues, tous ceux qui ont l’immense privilège de pouvoir continuer à jouir de la vie, de ses petits comme de ses grands bonheurs, mais qui doivent aussi apprendre à vivre avec ce manque, ce vide terrible au quotidien.
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