Petit lexique franco-américain de la grossesse

A ce stade de ma vie où je suis en train de découvrir les joies d’être enceinte aux Etats-Unis, une petite comparaison avec la France s’impose.

ACCOUCHEMENT :
Première source d’étonnement pour moi : en France, personne ne m’a jamais demandé “comment” je souhaitais accoucher. Ici c’est une question récurrente, qui me laisse pantoise à chaque fois, et je me retrouve à bredouiller un vague “ben je veux accoucher normalement, quoi” qui ne satisfait personne. C’est vrai que je ne m’étais jamais posée la question mais à NY, la tendance, c’est de réfléchir longuement à la meilleure manière de faire la rencontre de cette petite chose qui sort de notre ventre après de longs mois : dans l’eau, assise, debout, à genoux, la tête en bas (non là je déconne) bref tout sauf couchée. La tendance ultime étant l’accouchement à la maison, avec juste une sage femme pour que surtout personne n’interfère entre la mère et l’enfant au moment de leur rencontre ultime – et là ça me dépasse complètement : pourquoi refuser la médecine et ses progrès au point de mettre sa vie et celle de son bébé en danger? Parce que bien évidemment, dans de nombreux cas, des micros-problèmes peuvent tourner à la tragédie sans personnel médical avisé autour…. Bref, vous l’aurez compris, à la grande stupeur des Américaines qui m’entourent, j’ai demandé un accouchement normal, couchée, dans un lit d’hôpital, avec des médecins compétents autour de moi : incroyable, non???

ALIMENTATION :
En France comme aux Etats-Unis, les femmes enceintes ont des longues listes de produits qu’elles ne peuvent pas manger. Mais là où cela devient savoureux, c’est que ces listes ne sont pas tout à fait les mêmes : évidemment, en France, on insiste beaucoup sur le fromage au lait cru, la cochonnaille, le foie gras, tous ces produits délicieux qu’on ne trouve pas ici (voyons le bon côté des choses, cela fait des tentations en moins). Mais là où les Français disent zéro alcool, les Américains sont plus souples, et disent qu’un petit verre de temps en temps ne va pas faire de mal. Etonnant, non? Ma théorie, c’est qu’on picole beaucoup plus en France qu’aux USA, et que les médecins français ont peur de l’interprétation élargie qu’on pourrait avoir du “temps en temps” (tous les 2 jours, toutes les semaines, tous les mois!). Du coup, ils préfèrent interdire complètement. Par contre, les français sont beaucoup plus cools sur le café, et disent juste de ne pas dépasser un expresso par jour alors que les américains le bannissent quasiment complètement. Autre élément de surprise : le poisson. Ici ils font une fixation sur le mercure présent dans le poisson, et préconisent d’éviter d’en manger, alors que je n’avais jamais entendu parler de ça. Bon, comme je n’ai pas trop mal réussi Lisa, je continue le même régime que celui appliqué à l’époque : pas d’alcool, un petit expresso par jour, et de la poiscaille de temps à autre.

ALLAITEMENT:
Je n’ai absolument rien contre l’allaitement, au contraire, mais personnellement, je n’ai jamais eu envie d’allaiter. Et comme c’est quelque chose qui demande un investissement émotionnel et physique important les premiers mois, autant ne pas le faire à contre coeur. En France, on m’a toujours dit : mieux vaut une mère qui n’allaite pas et qui est épanouie, qu’une mère qui se force à allaiter et qui en sort aigrie. Ca m’allait très bien comme philosophie. Ici, je passe quasiment pour une infanticide. L’allaitement est SACRE. Les pédiatres américains nous emmerdent pour faire arrêter le biberon aux petits quand ils atteignent leur 1 an (paraît-il que c’est mauvais pour les dents, j’y reviendrai), mais par contre, allaiter son enfant jusqu’à ce qu’il ait 2 voire 3 ans paraît tout ce qu’il y a de plus naturel. Tant pis, je suis prête à passer pour une mère indigne.

AVORTEMENT :
L’avortement est, aux Etats-Unis, encore très controversé. A chaque nouvelle élection, les “pro-life” remettent le thème sur le tapis et cela donne lieu à des débats interminables et qui nous paraissent d’un autre temps. Paradoxalement, on peut avorter sans problème aux Etats-Unis, et jusqu’à un terme assez avancé de la grossesse (fin du second trimestre!), mais cela a un prix, et croyez moi, il est élevé. Tout se monnaye, ici.

BIBERON :
Comme je l’évoquais plus haut, le biberon est banni par les pédiatres américains après un an. Motif : cela abîme les dents. Lorsque j’ai fait remarquer à mon pédiatre US qu’en France, les enfants buvaient leur bib jusque vers 3 ans, il m’a répondu du tac au tac : “c’est bien connu, les Français ont plein de problèmes de dents”. J’en suis tombée à la renverse. C’est le même type qui m’a sorti que si Lisa n’arrêtait pas la tétine (elle avait 15 mois à l’époque…), elle ressemblerait à un rat. J’aime la la psychologie des pédiatres américains….

CESARIENNE :
Les Américains sont les rois de la césarienne : césarienne médicale bien sûr, quand bébé est trop gros ou en siège, mais surtout césarienne de convenance : “je préfèrerais avoir mon bébé le 17 mai à 18h plutôt que le 21 mai à 14h, c’est possible, docteur?”. Vous me direz que cela va à l’encontre de mon paragraphe sur l’accouchement qui prône un retour à la non-médicalisation. Hé oui, les Américains ne sont pas à un paradoxe près, et surtout, après réflexion, je pense que le retour en force de l’accouchement plus personnalisé est une conséquence directe de l’usage excessif de césariennes et donc de la surmédicalisation de la naissance.

ECHOGRAPHIE:
En France, le suivi de grossesse comprend 3 échographies obligatoires, une à chaque trimestre. Ici, il n’y en a que 2, celle du 3ème trimestre est zappée.
C’est en général d’abord une interne qui vient faire l’échographie – je dis une parce que dans mon cas, ça a toujours été des jeunes femmes, par ailleurs peu amènes, avares de renseignement, qui ne lisaient pas mon dossier avant, et qui donnaient une impression générale de manque de professionnalisme total : l’une d’elle mâchouillait son chewing gum tout en prenant les mesures du bébé d’un air blasé, alors que moi-même je n’avais aucun écran pour voir le bébé – je n’ai jamais vu ça, même dans le plus miteux centre d’échographie français. Et pourtant je suis suivie dans l’un des meilleurs hôpitaux de la ville…
Ensuite il y a le grand ponte qui se pointe pour vérifier ce que l’interne a bidouillé – je dis “le” parce qu’en général c’est un homme (il y a encore du boulot pour l’égalité homme-femme) d’environ 50-60 balais, à l’air patibulaire, qui peut s’avérer très alarmiste pour rien (ce fut notre cas) tellement il a peur qu’on lui colle un procès sur le dos si jamais il y avait un souci décelé après la naissance.

GENETIQUE :
Les Américains sont les rois de la génétique. Dés ma première visite chez le médecin, j’ai eu le droit à une batterie de questions sur mes origines ethniques et celles de Gaël: est-ce qu’on avait du sang noir, juif, asiatique? Parce qu’à chaque “ethnie” sont associés des tests génétiques précis (réalisés sur la mère et sur le père). Je n’avais jamais entendu parler d’un truc pareil en France, alors qu’on a aussi des gens de toutes origines qui y vivent. C’est vrai que NY est particulièrement cosmopolite, mais malgré tout, ce genre de questionnaire en début de grossesse met assez mal à l’aise…

GROSSESSE :
Accrochez-vous bien : une grossesse américaine et une grossesse française n’ont pas la même durée. En France, la durée d’une grossesse est de 39 semaines, aux Etats-Unis de 38 semaines.  Pour résumer, il faut une semaine de plus à un bébé français pour arriver à terme par rapport à un bébé américain. La “French touch” résiderait donc dans cette semaine supplémentaire, cocorico?! Vous avouerez que c’est étonnant. Vous ajoutez à cela que les courbes de croissance du fœtus ne sont pas les mêmes non plus : vous vous y attendiez, je vous le confirme, les fœtus américains sont beaucoup plus gros que leurs homologues français (après on s’étonne qu’il y ait des obèses ici). Ce qui veut dire que dans mon cas, j’ai 2 dates prévues d’accouchement, une française, et une américaine, avec 2 semaines d’écart, c’est pas fun ça? On verra qui gagne au final.

MATERNITE:
En France, dans n’importe quel hôpital public, on bénéficie, après la naissance du bébé, de 4 nuits à la maternité pour pouvoir se retaper un petit peu, mais aussi apprendre à manier cette petite bête dont on est désormais responsable (pour ma part, j’ai trouvé ça plus qu’utile pour Lisa). Ici, au bout d’une nuit, tu dégages, sinon ça te revient les yeux de la tête. Ca va que bébé 2 sera effectivement bébé 2 et que je sais à peu près comment faire pour m’en occuper au début, mais je trouve que ça fait court quand même.

PERIDURALE :
En France, la péridurale est devenue quelque chose de tout à fait normal : si on peut ne pas hurler de douleur en accouchant grâce à la médecine, et bien, autant ne pas s’en priver. Pour que vous soyez zen le jour J, on vous fait signer tous les papiers relatifs à cette anesthésie locale vers le 7ème mois de grossesse. Ici, on assiste au retour en force du “enfanter sans douleur, ce n’est pas vraiment enfanter” (ah bon???). Donc pour vous faire payer de vouloir une péridurale quand même, on ne vous fait signer les papiers de décharge que le jour où vous êtes sur le point d’accoucher, au moment où les contractions sont intenables et où vous êtes prêtes à vendre père et mère pour que ça s’arrête (soit dit en passant, à ce moment là, on vous ferait signer à peu près n’importe quoi). Mais le sadisme ne s’arrête pas là : la personne qui vous fait signer les papiers accompagne tout cela d’un petit laïus sur tous les effets secondaires abominables que peut entrainer une péridurale dans 0,0000000000001% des cas : migraines insoutenables, paralysie partielle… Bref que du bonheur. Vous avez donc le choix entre une douleur présente atroce ou des maux futurs absolument terrifiants. Croyez moi cela en décourage malgré tout plus d’une qui se retrouve à enfanter dans la douleur tout en jurant que pour le prochain enfant, elles se feront planter une péridurale dés l’instant où elles poseront le pied dans la maternité!

Suite du lexique dans 2 mois, après l’accouchement, on verra si d’ici là, je repère quelques nouvelles pépites à raconter 🙂

4 Responses to “Petit lexique franco-américain de la grossesse”


  1. PASSAVY JACQUES

    Ben alors, tu m’en bouches un coin!tu crois pas que tu devrais venir en France pour pondre N°2.y a pas à dire, ils sont pas clairs les ricains. bises à tous les 3.5

    jako et joce

  2. Caroline

    Bon je vois qu’en parfaite “Gauloise” tu résistes farouchement à tout ce fatras relativement réac et sans doute teinté de puritanisme catho mal digéré.
    Pour ma part je pense maintenant venir après la bataille… C’est à dire plutôt vers mi Avril.
    Courage !!!

  3. francoise

    Ah ! J’ai bien rigolé à la lecture de ton petit lexique !
    Je ne vois qu’une chose à te dire : bon courage pour affronter l’accouchement américain.
    Mais je ne m’inquiète pas tu sera résister à toutes les aberrations américaines.
    Bisous

  4. francoise

    ouah, la faute, j’ai honte : “tu sauras résister”.
    Voilà ce que c’est que de commencer une phrase puis de la modifier !
    Biz



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