La santé version US
La bataille autour de la réforme de santé proposée par Obama est un mystère pour nous autres Français, qui avons l’habitude d’aller chez le médecin ou aux urgences sans nous poser la question de savoir combien ça va nous coûter. Vive la sécu!
Ici, pour le moment, le système de santé est un cauchemar.
Après 18 mois de vie à NY, voici notre petit bilan :
– sans assurance (privée), impossible de se soigner à NY, ça revient beaucoup beaucoup trop cher. Une visite chez un généraliste coûte minimum 100$, ce à quoi il faut rajouter le prix des médicaments, soit environ 150$ pour n’importe quel antibiotique digne de ce nom. Je ne parle même pas des urgences où les factures peuvent s’envoler très vite (des milliers de dollars pour des choses bénignes).
– Il reste donc la solution de prendre une assurance privée, mais cela coûte cher : environ 300$ mensuels pour une assurance basique, ce qui n’est pas rien. Cette assurance couvre certains frais (les visites chez le généraliste, chez le pédiatre), mais cela ne veut pas dire que vous vous ne vous retrouvez pas avec des factures diaboliques lorsque vous sortez un peu de la routine : une visite aux urgences pour Lisa qui avait besoin de 3 malheureux points de suture nous a coûté la bagatelle de 500$. Quand j’ai râlé, on m’a rétorqué que cela nous aurait coûté encore plus sans assurance…. Ah ben oui alors.
Une amie à nous a du faire hospitaliser sa petite qui avait une grave bronchite, 3 nuits à l’hôpital, même étant assurée, elle a raqué 4000$,… gloups. Je vous laisse imaginer sans assurance…
Je ne vous parle même pas des maladies graves, type cancer. Dans la très bonne série américaine Breaking Bad (que je vous recommande si vous aimez les séries bien noires et bien cyniques), un père de famille respectable découvre qu’il a un cancer et que l’opération dont il a besoin va lui coûter 200 000$ (alors qu’il est “assuré”). Du jour au lendemain, il se met à mettre ses talents de prof de chimie au service de la création de drogues pour pouvoir financer son opération (bon et après il devient dealer et trouve ça super jouissif… ms je ne vous en dis pas plus). Cela pourrait être de la pure fiction, hélas, ça n’en est pas.
Régulièrement à la TV, entre une pub pour le coca et une pub pour les chips, on trouve des pubs qui mettent en scène des gens atteints de cancer, ayant décidé de suivre des traitements pour s’en sortir…. normal quoi. Sauf que la pub souligne bien le fait que, s’ils sont guéris (tant mieux pour eux), ils ont aussi tout perdu: leurs économies, leur maison, leur boulot: la santé contre un niveau de vie décent, donc.
Glauquissime.
– Bilan des opérations : notre rapport à la santé change. Comme je n’étais pas couverte par l’assurance de Gaël l’an passé pour des raisons administratives crétines (réglées entre temps), il m’est arrivé plusieurs fois de laisser trainer une vilaine toux pendant des mois pour ne pas avoir à claquer 250$ jusqu’à ce qu’elle se transforme en bronchite et que là je n’ai plus le choix. Bref, on réfléchit avant d’aller chez le médecin ou aux urgences, ce qui n’est pas toujours bon.
Et beaucoup d’Américains décident tout simplement de ne pas prendre d’assurance : près de 10 millions d’Américains ne seraient aujourd’hui pas couverts, ce qui entraîne un vrai problème de société en terme d’accès au soin.
A NY, les (nombreux jeunes) Américains qui décident de ne pas prendre d’assurance se lancent du coup frénétiquement dans le sport (d’où des salles de gym remplies et des joggueurs partout dans la ville) et dans des régimes alimentaires censés maintenir en bonne santé (genre régime 100% quinoa) en pariant sur le fait que grâce à ce mode de vie sain, ils resteront en bonne santé… Sacré pari quand même…
– L’autre aspect étonnant de ces assurances privées, c’est qu’elles se comportent comme des sociétés commerciales (ce qu’elles sont en fait). Donc à chaque fois que nous recevons une facture un peu élevée, hop je prend mon téléphone, je négocie comme une folle, et l’un dans l’autre, j’arrive toujours à obtenir un rabais (dingue, non????). Mais il faut se battre, avoir le temps de faire ça (et le courage, parce que je vous raconte pas la complexité de la négociation en anglais sur des sujets de santé super pointus), donc plus d’une fois, j’ai laissé tomber, et je pense que beaucoup de gens font ça, ce qui fait les choux gras de ces assurances privées. C’est usant en tout cas.
Alors évidemment, au vu de cette expérience, lorsque Obama a proposé sa fameuse réforme du système de santé, on s’est dit que tous les Américains allaient accueillir cela avec enthousiasme. Erreur…. L’administration Obama a super mal communiqué sur cette réforme, et les habitudes enracinées depuis longtemps sont difficiles à changer. Bilan des opérations : une majorité des Américains est contre la réforme Obama même si lorsqu’on leur explique en détail ce que cela va changer, ils trouvent que cela va plutôt dans le bon sens… Allez comprendre.
Leur grand souci, c’est : comment va-t-on financer tout cela? Evidemment, c’est la vraie question, mais même lorsqu’on leur rétorque qu’à peu près tous les pays développés et civilisés ont trouvé un moyen de financer ce genre de système de santé, ils restent dubitatifs… Les Républicains s’acharnent de leur côté sur cette réforme, et ont déjà obtenu plusieurs amendements qui la vident peu à peu de son contenu, la chaîne Fox News, réputée pour son néo-conservatisme, vient de lancer une campagne de pub agressive contre la réforme (et là on hallucine vraiment), les démocrates sont divisés entre les pragmatiques (mieux vaut une réforme partielle que rien du tout, quitte à la compléter plus tard) et les idéalistes (la réforme amendée par les Républicains ne vaut pas le coup), bref, Obama est dans la panade jusqu’au cou.
Et en attendant, les Américains continuent de banquer ou de ne pas se soigner.
On va voir très prochainement qui gagne… Mais à un niveau plus personnel, nous allons continuer de notre côté à avoir des sueurs froides à chaque fois que nous nous retrouverons à l’hôpital pour des raisons x y (et ces raisons ne manquent souvent pas quand on a un bébé en bas âge) sans jamais réellement savoir combien tout cela nous coûtera… D’ici à ce qu’on se mette à fabriquer et dealer de la drogue à NY, il n’y a pas loin (ouh là là, il faut que j’arrête les séries américaines, moi).
surréaliste !
C’est vrai qu’en France on ne comprend pas que la réforme proposée par Obama n’ait pas plus de succès.
Continue de nous livrer ainsi des extraits de la vie américaine.
J’adorrrrrrr….eeeee
Bises
c’est…glaçant et presque barbare! ça fait peur d’aller se perdre au pays des grattes-ciel! pourtant à côté de ça ils sont hyper plus en avance que nous / sans gluten qui parait être plutôt banalisé et “démocratisé” dans les restos .
Bon, fais moi une liste de médocs de la naissance à 30 ans dont tu aurais besoin, je peux revêtir une tenue “comprimés-gélules” + un maquillage “pommades-gels”. Françoise, grande lâche tu aurais pu venir avec moi pour partager un peu de cette vie amerloufoque. bizzz ++ à toutes les 2
Tintin en Amérique, c’est pas le Pérou !
Douce France, avec Sarko on pense que c’est loin l’Amérique, mais il nage à tour de bras ( et avec des palmes !)!
Nous, on est bien à Concizes, même si dans nos campagnes ce n’est aps évident de trouver un bon médecin…mais l’hosto n’est quand même qu’a 50 minutes.
Vive la France !!!!!!!!!