Mes pérégrinations new yorkaises

Maintenant que Maya hurle moins, que je suis moins fatiguée et que le beau temps est au RDV (et que je n’ai donc plus l’excuse de la pluie et du froid pour rester avachie sur mon canapé à regarder des séries toute la journée), je me suis décidée à profiter de mon congé mat’ pour faire quelques musées et expos.

Vous me verriez avec mon porte-bébé sur le ventre, mon sac à dos-sac à langer qui contient une montagne de trucs de bébé utiles et inutiles pour parer à toute situation, et mon sac à main qui brinqueballe sur le côté, je ressemble à une grosse tortue. Je prends un max de place dans le métro et me cogne dans tout le monde car j’ai toujours eu un problème à bien mesurer les volumes et les perspectives (mon pauvre père qui essayait de m’enseigner quelques notions de physique et de maths au lycée pourrait vous en parler pendant des heures).

Bref, c’est transformée en grosse tortue baby-friendly que, plusieurs fois par semaine, j’arpente la ville et son art.

Etape 1 : la Frick Collection
En arrivant à la Frick Collection, je me casse les dents. Un videur à l’air de bouledogue m’informe que les enfants de moins de 12 ans ne sont pas autorisés dans le musée. Je le regarde sans comprendre. Déjà, que les enfants n’aient pas le droit d’aller dans ce musée, ça me dépasse complètement, mais qu’un micro-bébé collé à moi et qui roupille ne puisse pas entrer, là ça me fout carrément en rogne. J’essaie d’argumenter avec le bouledogue. Rien à faire. Le règlement c’est le règlement. Et merde, moi qui me réjouissais de cette petite sortie. Furax et dépitée, je décide d’aller me prendre un petit café sur le toit du MET, le Louvre de NY. La terrasse est vraiment géniale : un labyrinthe de bambous et une vue sublime sur les gratte-ciel de Manhattan, me voilà un peu rassérénée. Mais une chose est sûre : avec ou sans enfant, je ne mettrai jamais les pieds dans cette Frick collection pour vieux schnocks conservateurs!

Etape 2 : le Guggenheim
La sortie a failli tourner au cauchemar dés le début. Après avoir passé 1/2h à préparer le super sac à dos-sac à langer, je me rends compte en arrivant au Guggenheim que j’ai oublié la tétine du biberon. Evidemment j’avais tout calculé pour que le bib de la miss tombe pile avant la visite de manière à ce qu’elle roupille tranquillou contre moi pendant l’expo. Le monstre commence à se réveiller, je suis prise de panique, il faut que je trouve une solution. Heureusement mon iphone magique m’indique une pharmacie pas loin où je peux acheter le biberon salvateur. Une fois la petite bête nourrie, je me plonge avec délice dans le Guggenheim. Il faut savoir que ce musée, outre son architecture incroyable, offre des expositions que l’on découvre au fur et à mesure en montant un couloir en colimaçon. C’est donc un endroit idéal pour les jeunes parents avec leurs bébés, car cette montée circulaire permet de ne jamais s’arrêter et d’offrir un mouvement perpétuel à nos chères petites têtes blondes. La lumière du musée est tamisée, on s’y sent bien, les œuvres (très contemporaines) sont bien mises en valeur et attirent le regard, bref on sort de ce musée envoutant apaisé et (peut-être) plus intelligent.

Etape 3 : le MOMA
Encore un monument de l’art contemporain à NY. Comme tous les musées new yorkais, celui-ci est très agréable à visiter, très aéré même quand il est blindé de monde. Et puis surtout, il y a un superbe jardin intérieur, avec des sculptures, des petits jets d’eau, des espaces verts, bref un endroit idéal pour donner le biberon tout en réfléchissant au sens de la vie. Maya a apprécié avec moi les belles photos d’Henri Cartier-Bresson, et a été interpelée comme moi par certaines installations artistiques (mais pourquoi diable mettre 8 hauts parleurs qui hurlent des choses incompréhensibles dans une salle blanche isolée???).

Etape 4 : le Centre international de photographie
Je n’avais encore jamais mis les pieds dans cet endroit, donc je me suis dit que c’était l’occasion. Je tombe bien puisqu’il y a une très belle exposition sur le mouvement des droits civiques et son rapport à l’image. J’y vois quelques vestiges abominables du temps de la ségrégation (genre une pancarte d’un resto du Texas : “no dogs, no negroes, no mexicans”, charmant), des petites vidéos kitchissimes des chanteurs noirs de l’époque, des extraits d’une série “Julia” qui a révolutionné la vision des noirs à la TV (Julia était noire, belle, intelligente et indépendante… ça changeait des clichés habituels). Surtout, je découvre que Malcolm X était un super bel homme (je sais je suis futile), très classe, très dandy, très beau parleur, et honnêtement je ne m’attendais pas à ça du leader des Black Panthers!

Etape 5 : les galeries d’art de Chelsea
C’était mon pari le plus risqué, évidemment. Donc je me retrouve un après-midi à Chelsea dans une rue remplie de galeries. J’entre dans l’une d’elle, déserte, et ne  remarque pas tout de suite  le monsieur derrière son comptoir, visiblement occupé à terminer un sudoku. Je tente un tout petit « hello», explique que je viens voir l’exposition, le monsieur a l’air enchanté par cette nouvelle et me dit « Yes, come on in, welcome! ». Je commence donc à regarder les “trucs” exposés dans la galerie (aucun autre terme ne me vient à l’esprit pour décrire ces espèces d’amas de déchets sobrement intitulés “déchet 1”, “déchet 2”..peut-être une dénonciation de notre société de consommation? honnêtement je n’en ai aucune idée), sentant le regard plein d’espoir du galeriste peser sur moi. Il s’imagine peut-être que je suis une acheteuse potentielle, le pauvre homme. Je déambule donc de manière très étudiée, avec un mélange de détachement (te fais pas d’illusions  mon gars, j’ai pas un rond) et de concentration (mais quand même, je m’intéresse, je suis ouverte à toutes les formes d’art), plus soucieuse de mon image auprès du bonhomme que de celles que j’ai sous les yeux. Maintenant, il faut trouver un moyen de m’éclipser sans avoir à donner un avis que je n’ai pas au monsieur plein d’espoir. Je prie pour que Maya pousse un hurlement (une fois n’est pas coutume) et me donne une bonne raison de partir en courant, mais rien à faire, malgré mes stimulations, elle roupille d’un sommeil profond.  Je m’en sors finalement en m’inscrivant à la newsletter de ladite galerie, je sais ce n’est pas très glorieux….

La suite de mes pérégrinations au prochain épisode….

2 Responses to “Mes pérégrinations new yorkaises”


  1. Celine

    Mon rayon de soleil litteraire de ce vendredi. Merci Adeline.
    Bises

  2. PASSAVY JACQUES

    Quelle chance elle a Maya de visiter des musées si jeune et avec sa maman! Surtout Adeline ne change rien à ta façon de raconter, c’est un bol de bien etre que tu nous envoies via internet, on devient accro, fait gaffe des fois que cela dure des années, des années…..on vous attend avec impatience en France en espèrant une météo plus clémente dans le Morvan parceque déjà qu’on nomme cette sublime région “l’éponge de la france”, cette année je ne sais pas quelle appellation on pourra lui donner. Pour info Adeline sache qu’en 1976 il y avait eu une canicule genre 2003, je faisais du cyclotourisme à l’époque et il avait plu 10 jours de suite …….ben voyons, on va croiser les doigts. bisous à tous les 4



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