Archive for the 'Uncategorized' Category
August 22nd, 2011 by adeline
Dans la série “je m’immerge dans la culture locale pour mieux comprendre ce grand pays dans lequel nous vivons depuis 3 ans”, je choisis “le match de baseball au Yankee Stadium”.
Moi qui n’ai jamais assisté à un quelconque match en France, et qui en général m’ennuie à mourir quand je regarde le sport à la télé (une fois tous les 4 ans, je m’emballe pour le foot ou le rugby, c’est dire), je me suis laissée convaincre par Gaël d’aller voir du baseball au Yankee Stadium, juste pour l’expérience.
Et je dois dire que l’expérience fut plutôt bonne.
Certes, un match de baseball, c’est relativement chiant à regarder car cela dure des heures, et il ne se passe pas grand chose. Et les baseball players ne sont même pas super sexys et bien bâtis, faute de vraiment faire du sport : en gros ils ont un bras super musclé pour lancer des boulets de canon et des cuisses relativement solides pour piquer un sprint sur 30m, mais à part ça, vraiment, on ne peut pas dire que cela ait l’air épuisant.
Alors pourquoi cette soirée fut-elle aussi sympa?
– Premier point (peut-être le plus important) : le Yankee Stadium vend de la bière sans gluten. Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte, chers lecteurs, à quel point ceci est émouvant. D’abord c’est super rare, et rien que pour ça, je lève mon verre (de bière) aux yankees. Ensuite, quel bonheur de se pochtronner à la bière, en communion avec la foule, en mangeant un “seau” (littéralement) de popcorn ultragras (effet hydratant garanti sur les mains, doublé d’un écoeurement certain après quelques bouchées). L’expérience américaine ultime, quoi.
– Deuxième point : l’équipe des Yankees (et les équipes de baseball en général) n’ont rien à envier à notre fameuse équipe de foot Black Blanc Beur. C’est vraiment LE sport cosmopolite par excellence aux Etats-Unis. Idem du côté du public, avec en plus l’absence de clivage social et le côté intergénérationnel assez épatants : ça va de 6 mois à 99 ans, du cadre bien sapé aux fans affublés de toute la panoplie aux couleurs des Yankees, en passant par le touriste paumé (nous) qui ne comprend rien aux règles et qui applaudit comme un fou, sans bien savoir pourquoi.
– Troisième point : le côté bon enfant et pas prise de tête. Tout le monde est relax, les vrais supporters s’échauffent de temps en temps mais sans s’énerver, ça danse et ça chante dans les tribunes, et surtout, comme ill ne se passe pas grand chose, les gens se lèvent, vont chercher un truc à manger, à boire, se dégrourdir les pattes, puis reviennent s’asseoir, tranquillou. Pas stressant quoi.
Voilà, je ne dis pas que je vais y retourner (faut pas déconner non plus), mais ce fut une soirée, comment dire, différemment agréable.
January 1st, 2011 by adeline
Il y a 8 ans que tu es partie….
J’aurais tant aimé que tu sois encore là pour voir tes petites filles grandir : je retrouve dans Lisa ton tempérament de feu et dans Maya tes magnifiques yeux bleus.
Tu aurais bien rigolé en me voyant me débattre avec mes 2 mouflettes, toi qui me disais si souvent quand je râlais contre toi “on verra quand tu seras mère”! Toi qui aimais tant voyager, tu aurais adoré New York, et te connaissant, tu aurais sauté dans l’avion Paris-New York comme si c’était un bus, à la moindre occasion!
Mais voilà, tu n’es plus là, alors la seule chose qui compte maintenant, c’est de me dire que tu serais fière de moi, de nous. Et c’est de continuer à vivre en profitant des grands et des petits bonheurs de la vie, car c’est ce que tu faisais le mieux.
J’espère que je saurai être pour mes filles ce que tu fus, et ce que tu es encore, pour moi…
October 16th, 2010 by adeline
Quelques phrases/conversations cultes de Lisa qu’on a envie de partager avec vous.
– La routine du matin, lorsque Gaël la dépose à l’école, et du soir, lorsqu’il est l’heure de faire dodo: “on fait un câlin bien chaud (elle se blottit contre nous), un câlin du boa (elle nous étrangle en nous serrant dans ses bras) et un bisou”.
– Extrait d’une conversation surprise par Gaël à l’école :
Lisa pleure. Son instit lui demande ce qu’il se passe.
Lisa : “Max said I’m a potatoe”
Instit : “And are you a potatoe Lisa?”
Lisa : “No”
Instit : “so you can go to Max and tell him that you’re not a potatoe, and that you don’t like it when he says you’re a potatoe”.
Lisa va vers Max : “you know what, Max, I’m not a potatoe and I don’t like it very much when you say I’m a potatoe, ok?”
Max ne dit plus rien.
– Lisa marche avec mes talons dans l’appartement, ça fait un boucan d’enfer : “je te casse les oreilles, maman?” me demande-t-elle d’un air ingénu.
– Lisa m’appelle et je la retrouve devant notre miroir – elle sautille et dit : “regarde maman, mes cheveux ils sautent, car moi j’ai des loooooongs cheveux”.
– Conversation téléphonique entre maman (au Chili pour le boulot) et Lisa, plantée devant une carte du monde qu’elle montre avec force gestes : “maman, toi tu vas prendre l’avion, and après tu vas traverser la rue, and après tu vas ouvrir la porte, and après tu vas être à la maison, and après il y aura papa, lisa and maya, and après ça sera super cool”. (ndlr : le “and” est un vieux reste de la grande époque du franglais version Lisa).
Un post ne serait pas complet sans un échantillon de photos de notre vie new-yorkaise.
September 21st, 2010 by Maya
Salut c’est Maya.
J’avais envie de prendre la plume (ou plutôt mon clavier d’ordinateur) pour vous donner quelques nouvelles de la famille.
C’est vrai que depuis la dernière fois que j’ai écrit, j’ai bien grandi. Pensez-vous, j’ai pris 14cm et 4kgs depuis que je suis née, on peut le dire, je suis maintenant un beau grand bébé. Allez, je vous donne mes mensurations de rêve : 6 mois, 64cm, 6,5kgs. J’ai commencé la crèche il y a un mois et je m’amuse comme une folle avec mes petits camarades et avec ma nounou Mbumwae. Je roule du dos sur le ventre (ça je sais faire depuis longtemps héhé), j’attrape les petits objets qu’on me tend et les dévore avec appétit, j’essaie de lécher tout ce qui passe à portée de bouche (y compris mes pieds) et je bave comme un petit escargot, c’est les dents paraît-il. J’ai commencé les petits purées et les compotes : globalement je résumerais en “miam les fruits et beurk les légumes”. Je m’excite aussi sur le sol pour essayer d’avancer en rampant, mais ça m’énerve je n’y arrive pas encore. Alors des fois j’abandonne et pouf je m’endors sur mon tapis de jeu, un peu abattue.
Dans la catégorie des expériences un peu folles, j’ai pris l’avion déjà 2 fois, je suis montée sur une grande roue à Coney Island et me suis payée ma première grosse frayeur quand ça s’est mis à tanguer, j’ai fait mon premier cinéma en plein air, un soir, au bord de la Hudson River (l’âge de glace, trop fun), j’ai fait un pique nique sur les toits de New York et du cerf volant avec Lisa. Elle est pas belle la vie à 6 mois?
C’est pour ça que je souris non-stop, tellement je suis contente d’être née. Je dois tout de même préciser que seule ma grande soeur réussit à me faire hurler de rire quand elle fait le pitre devant moi. Papa et maman ont bien essayé de faire les clowns pour produire le même effet, mais je dois dire qu’ils ratent leur coup à chaque fois, j’en suis gênée pour eux.
C’est vrai que Lisa, c’est quand même un peu mon modèle, elle s’occupe vachement bien de moi : j’adore quand elle me regarde en souriant et qu’elle me dit “bonjour petite Maya, ça va petite Maya”. Et pis elle sait faire plein de trucs, c’est incroyable. C’est une grande quoi, elle le répète tout le temps d’ailleurs : “moi je suis grande” dit-elle en levant ses petits bras au-dessus de sa tête. Elle adore chanter, danser, faire des puzzles, donner des ordres, colorier sans déborder, suivre les lignes d’une figure, dessiner les lettres de l’alphabet, faire des bonshommes et des soleils. Elle a une véritable passion pour la négociation : quand papa dit “encore 3 minutes”, elle répond “encore 5 minutes”, quand maman dit “on lit un livre”, elle rétorque “on lit 2 livres”. Ca ne marche pas souvent, mais qui ne tente rien n’a rien.
Elle se lave les dents toute seule, fait son lit à l’école, débarrasse son assiette et adore aider maman à charger/décharger le lave vaisselle ou à faire la lessive (comme quoi, il y a un moment de la vie où de genre de tâches peut être fun….). Elle connaît son nom complet (“je suis Lisa Reinaudi-Monzier” répète-t-elle en boucle, trop contente d’avoir enfin retenu son nom à rallonge). Elle a une mémoire qui me tue : papa et maman ne peuvent plus lui dire un truc en l’air pour détourner son attention, elle se souvient de tout maintenant. par exemple, maman oublie de racheter du nutella alors qu’elle l’avait promis à Lisa. Air indigné de Lisa, genre tu as trahi ma confiance : “mais maman, tu m’avais dit que tu achèterais du nutella”. Ouh la la, la mère indigne. Elle met également papa et maman face à leurs contradictions et ça c’est trop drôle : genre papa qui vient petit déjeuner en caleçon alors que Lisa, elle, doit être habillée pour manger (“mais papa, il faut mettre un pantalon et un T-shirt”),ou genre maman qui lèche son couteau alors que pour elle, c’est interdit (“mais maman, tu peux pas faire ça, c’est très très dangereux….”). 
Elle commence aussi à inventer des histoires qui ne sont pas vraiment des mensonges, mais qui ne sont tout de même pas tout à fait la vérité… Faut dire que Lisa a une imagination débridée – faut voir comment elle peut jouer pendant des heures avec Lapin, Chien, Lion, Pingouin, Éléphant et Girafe. Vivement que je puisse jouer avec elle et prendre le relais de Papa et maman qui parfois, malgré leur hilarité, préfèreraient se caler dans un fauteuil avec un bon vieux roman plutôt que d’être intégrés de force dans un des scénarios récurrents de Lisa : des scénarios qui mêlent les grandes questions de l’amitié (Lisa découvre qu’un ami, ça se partage, et que ce n’est pas parce que ton ami a un autre ami qu’il n’est plus ton ami…. vous suivez?), de la peur (tous les animaux tombent régulièrement – va savoir pourquoi – dans le feu et dans le fantôme!!!), et de l’autorité parentale (maman girafe punit régulièrement bébé éléphant quand ce dernier n’en fait qu’à sa tête). Du haut de mes 6 mois, il me semble évident que ces petits scénarios ont une réelle vertu catharsique pour Lisa, mais enfin, je ne vais pas ma lancer dans une analyse trop conceptuelle.
Bon allez je vous laisse pour le moment, il faut que je me remettre à mes exercices de pré-rampement.
June 28th, 2010 by adeline
On ne peut pas vivre aux Etats-Unis sans se pencher sur le phénomène du “dating”. En arrivant ici, on pensait que “to date someone” voulait tout simplement dire “sortir avec quelqu’un”, au sens de “petit-ami(e)”. Mais le dating, c’est bien plus que cela.
Première règle : on peut “dater” plusieurs personnes en même temps. Vous vous imaginez en France sortir avec plusieurs mecs/filles en même temps? Disons que c’est faisable mais pas courant (ou du moins pas officiellement…) et qu’en général votre réputation en prend un sacré coup. Ici, pas de problème, le dating n’est pas exclusif. En fait, on “date” plusieurs personnes comme on essaierait plusieurs marques de céréales, pour voir laquelle est la meilleure (désolée pour la comparaison, je manque d’inspiration). Dans le dating, il s’agit bel et bien de faire son marché et de tester plusieurs hommes/femmes en même temps pour trouver la perle rare. Pas très romantique tout ça, et pas très productif non plus. A force de chercher l’homme ou la femme idéal(e), on finit par se retrouver seul. Parce que évidemment, Mr X n’est jamais assez intelligent /drôle/sexy/friqué ou tout simplement sympa au goût des New-Yorkaises (et vice-verça, hein, je suis pas sexiste).
Mais qu’est ce que “dater” veut dire exactement? C’est là où commence la confusion pour nous pauvres Français. Parce que “dater” peut aller de la simple sortie cinéma (et là évidemment, on voit pas pourquoi on pourrait pas “dater” plusieurs types en même temps, après tout un cinoche reste un cinoche) à la franche partie de jambes en l’air. La seule chose, c’est qu’avant de prendre RDV avec un homme ou une femme, il faut bien spécifier s’il agit d’une “date” ou pas, histoire qu’il n’y ait pas de confusion sur les attentes de chacun (mais où est la magie du premier RDV???).
Notez tout de même que l’équivalence “date = sexe” est surtout l’apanage des grandes villes, et que dans le fin fond du Wisconsin (je n’ai rien contre le Wisconsin…), on a plutôt la version prude du “date” (cinoche voire resto pendant des mois, sans que rien ne se passe… ). On est tout de même aux Etats-Unis, que diable, la morale puritaine reste très présente.
Bref, la notion de dating est complexe. Il faut noter qu’elle permet aux New Yorkais d’être parmi les recordmen mondiaux en terme de sexe : ça couche sec à New York, mais ce n’est clairement pas le lieu pour trouver le père ou la mère de ses futurs enfants (ça tombe bien, je ne le cherchais pas, j’ai assez à faire avec un homme et 2 mouflettes!)
June 24th, 2010 by adeline
Quand les Américains parlent de football, ils parlent de football américain. Le football américain, c’est un sport qui n’existe qu’ici, une sorte de rugby moins viril car joué par des étudiants d’université bardés de protections, mais qui déchaine chaque année les passions de tout le pays au moment du Super Bowl.
Notre foot à nous, ça se dit “soccer”. Pour les Américains:
1/ le “soccer” c’est super chiant : ils trouvent qu’il ne se passe absolument rien sur un terrain de foot en comparaison de leur football américain où des points sont marqués en permanence. Ils ont ainsi la nette impression qu’ils pourraient s’endormir pendant le match et se réveiller 15 minutes plus tard pour constater que le score est toujours le même. Pas faux, mais un peu réducteur tout de même….
2/ le “soccer”, c’est un sport de filles surtout. Quand on pense à tous les petits gars qui, en France, rêvent de devenir le prochain Zidane, ici, pour un garçon, c’est trop la honte de faire du “soccer”.
Notons que l’une des raisons pour lesquelles “notre” foot ne peut pas s’imposer aux USA, c’est que le jeu ne contient qu’un seul “interstice” naturel (la mi-temps) pour balancer des pubs dans le crâne des Amerlocs… alors qu’un match de football américain est entrecoupé d’une bonne vingtaine de pauses publicité. Pour l’avoir vécu, on peut vous dire que c’est un vrai supplice (surtout que ces pubs visent un public très masculin et très porté sur la bière…). Plus le jeu approche de la fin, plus les pubs sont rapprochées… exactement comme si on foutait 4min de pub dès que le ballon partait en touche. Une étude du Wall Street Journal a d’ailleurs montré que pour un match typique de football américain, la diffusion télé est de 2 heure 50 min, dont 1 heure de pub. Pour le reste, il y a environ 75 min de joueurs qui se replacent autour de la balle, 20 min de replay des actions, et seulement 11min de vrai jeu, c’est à dire un mec qui court avec un ballon dans la main et plein d’autres mecs à ses trousses…
En attendant, il est quand même possible à New York de regarder les matchs de la Coupe du Monde dans des bars sympas et il reste quelques Américains qui s’enflamment pour ce sport, surtout que l’équipe américaine ne se débrouille pas si mal au final, ils ont eux réussi à arriver en huitième de finale (trop fou, non?): le but marqué contre les Anglais (enfin le but marqué par le gardien anglais contre son propre camp, haha) a déclenché des tonnes de commentaires, d’autant que les Américains ont une sacrée dent contre les “Beefs” (comme ils les appellent ici) depuis la sympathique marée noire créée par BP dans le Golfe du Mexique (et dont ni BP, ni le gouvernement américain n’arrivent d’ailleurs se dépêtrer – mais je digresse….).
A défaut donc de soutenir notre lamentable équipe française (on est la risée de tout le monde ici), on va peut-être s’enflammer pour l’équipe du pays qui nous accueille en ce moment!
June 17th, 2010 by adeline
Maintenant que Maya hurle moins, que je suis moins fatiguée et que le beau temps est au RDV (et que je n’ai donc plus l’excuse de la pluie et du froid pour rester avachie sur mon canapé à regarder des séries toute la journée), je me suis décidée à profiter de mon congé mat’ pour faire quelques musées et expos.
Vous me verriez avec mon porte-bébé sur le ventre, mon sac à dos-sac à langer qui contient une montagne de trucs de bébé utiles et inutiles pour parer à toute situation, et mon sac à main qui brinqueballe sur le côté, je ressemble à une grosse tortue. Je prends un max de place dans le métro et me cogne dans tout le monde car j’ai toujours eu un problème à bien mesurer les volumes et les perspectives (mon pauvre père qui essayait de m’enseigner quelques notions de physique et de maths au lycée pourrait vous en parler pendant des heures).
Bref, c’est transformée en grosse tortue baby-friendly que, plusieurs fois par semaine, j’arpente la ville et son art.
Etape 1 : la Frick Collection
En arrivant à la Frick Collection, je me casse les dents. Un videur à l’air de bouledogue m’informe que les enfants de moins de 12 ans ne sont pas autorisés dans le musée. Je le regarde sans comprendre. Déjà, que les enfants n’aient pas le droit d’aller dans ce musée, ça me dépasse complètement, mais qu’un micro-bébé collé à moi et qui roupille ne puisse pas entrer, là ça me fout carrément en rogne. J’essaie d’argumenter avec le bouledogue. Rien à faire. Le règlement c’est le règlement. Et merde, moi qui me réjouissais de cette petite sortie. Furax et dépitée, je décide d’aller me prendre un petit café sur le toit du MET, le Louvre de NY. La terrasse est vraiment géniale : un labyrinthe de bambous et une vue sublime sur les gratte-ciel de Manhattan, me voilà un peu rassérénée. Mais une chose est sûre : avec ou sans enfant, je ne mettrai jamais les pieds dans cette Frick collection pour vieux schnocks conservateurs!
Etape 2 : le Guggenheim
La sortie a failli tourner au cauchemar dés le début. Après avoir passé 1/2h à préparer le super sac à dos-sac à langer, je me rends compte en arrivant au Guggenheim que j’ai oublié la tétine du biberon. Evidemment j’avais tout calculé pour que le bib de la miss tombe pile avant la visite de manière à ce qu’elle roupille tranquillou contre moi pendant l’expo. Le monstre commence à se réveiller, je suis prise de panique, il faut que je trouve une solution. Heureusement mon iphone magique m’indique une pharmacie pas loin où je peux acheter le biberon salvateur. Une fois la petite bête nourrie, je me plonge avec délice dans le Guggenheim. Il faut savoir que ce musée, outre son architecture incroyable, offre des expositions que l’on découvre au fur et à mesure en montant un couloir en colimaçon. C’est donc un endroit idéal pour les jeunes parents avec leurs bébés, car cette montée circulaire permet de ne jamais s’arrêter et d’offrir un mouvement perpétuel à nos chères petites têtes blondes. La lumière du musée est tamisée, on s’y sent bien, les œuvres (très contemporaines) sont bien mises en valeur et attirent le regard, bref on sort de ce musée envoutant apaisé et (peut-être) plus intelligent.
Etape 3 : le MOMA
Encore un monument de l’art contemporain à NY. Comme tous les musées new yorkais, celui-ci est très agréable à visiter, très aéré même quand il est blindé de monde. Et puis surtout, il y a un superbe jardin intérieur, avec des sculptures, des petits jets d’eau, des espaces verts, bref un endroit idéal pour donner le biberon tout en réfléchissant au sens de la vie. Maya a apprécié avec moi les belles photos d’Henri Cartier-Bresson, et a été interpelée comme moi par certaines installations artistiques (mais pourquoi diable mettre 8 hauts parleurs qui hurlent des choses incompréhensibles dans une salle blanche isolée???).
Etape 4 : le Centre international de photographie
Je n’avais encore jamais mis les pieds dans cet endroit, donc je me suis dit que c’était l’occasion. Je tombe bien puisqu’il y a une très belle exposition sur le mouvement des droits civiques et son rapport à l’image. J’y vois quelques vestiges abominables du temps de la ségrégation (genre une pancarte d’un resto du Texas : “no dogs, no negroes, no mexicans”, charmant), des petites vidéos kitchissimes des chanteurs noirs de l’époque, des extraits d’une série “Julia” qui a révolutionné la vision des noirs à la TV (Julia était noire, belle, intelligente et indépendante… ça changeait des clichés habituels). Surtout, je découvre que Malcolm X était un super bel homme (je sais je suis futile), très classe, très dandy, très beau parleur, et honnêtement je ne m’attendais pas à ça du leader des Black Panthers!
Etape 5 : les galeries d’art de Chelsea
C’était mon pari le plus risqué, évidemment. Donc je me retrouve un après-midi à Chelsea dans une rue remplie de galeries. J’entre dans l’une d’elle, déserte, et ne remarque pas tout de suite le monsieur derrière son comptoir, visiblement occupé à terminer un sudoku. Je tente un tout petit « hello», explique que je viens voir l’exposition, le monsieur a l’air enchanté par cette nouvelle et me dit « Yes, come on in, welcome! ». Je commence donc à regarder les “trucs” exposés dans la galerie (aucun autre terme ne me vient à l’esprit pour décrire ces espèces d’amas de déchets sobrement intitulés “déchet 1”, “déchet 2”..peut-être une dénonciation de notre société de consommation? honnêtement je n’en ai aucune idée), sentant le regard plein d’espoir du galeriste peser sur moi. Il s’imagine peut-être que je suis une acheteuse potentielle, le pauvre homme. Je déambule donc de manière très étudiée, avec un mélange de détachement (te fais pas d’illusions mon gars, j’ai pas un rond) et de concentration (mais quand même, je m’intéresse, je suis ouverte à toutes les formes d’art), plus soucieuse de mon image auprès du bonhomme que de celles que j’ai sous les yeux. Maintenant, il faut trouver un moyen de m’éclipser sans avoir à donner un avis que je n’ai pas au monsieur plein d’espoir. Je prie pour que Maya pousse un hurlement (une fois n’est pas coutume) et me donne une bonne raison de partir en courant, mais rien à faire, malgré mes stimulations, elle roupille d’un sommeil profond. Je m’en sors finalement en m’inscrivant à la newsletter de ladite galerie, je sais ce n’est pas très glorieux….
La suite de mes pérégrinations au prochain épisode….
May 12th, 2010 by adeline
Avoir 2 enfants, c’est merveilleux, mais le quotidien n’est pas toujours des plus glamours… Avis aux futurs parents 🙂
Récit d’une journée type.
Tout commence par une nuit d’enfer. Dans le meilleur des cas, 2 levers de 45 minutes-1h, vers 2h et 5h. Dans le pire des cas, une bataille constante avec une Maya hurlante où je teste toutes les positions possibles et imaginables pour la calmer (debout, couchée, assise, dans l’écharpe, dans la balancelle, dans le transat, sur moi, à côté de moi..) et une Lisa qui se réveille en pleurant parce qu’elle a fait un cauchemar => Résultat : des allers-retours entre les 2 chambres pour consoler l’une, nourrir l’autre…
Arrive 7h du matin. Mauvaise nouvelle : il faut se lever même si tout mon corps et mon cerveau hurlent “reste sous les couettes”.
Gaël ressemble à un zombi (même s’il n’a rien entendu de la bataille que j’ai livrée cette nuit. A croire qu’il vit tout ça par procuration. Ah les hommes, ils sont pas faits comme nous), et moi je marche au radar et m’enfile des cafés.
Lisa, elle, est fraiche comme une fleur. Difficile de lui faire comprendre qu’après une nuit pourrie, ses “attrape moi, papa” ou “fais moi peur, maman” tombent dans le vide et qu’on n’a plus la force de faire comme si il y avait un fantôme ou du feu sous la table (son grand jeu en ce moment)! Préparation pour l’école : “Lisa, on s’habille” – “oui oui j’arrive maman”; 2 minutes plus tard : “Lisa, on s’habille” – “oui oui je viens”; 3 minutes plus tard : “Liiiiiiiiiiiiiiiiiiiisaaaaaaaaaaaaa, on s”habiiiiiiiiiiiiiiiiillle”….
Départ pour l’école. Je me retrouve seule à la maison avec petite Maya. Commence alors notre long tête à tête, fait de petits bonheurs (ses gazouillis sur le tapis d’éveil, sa manière de scruter les choses, ses petites jambes qui pédalent), de quelques déceptions (ooooooh elle me sourit… ah non elle pète en fait…), d’impuissance (que faire pour qu’elle ait moins mal et qu’elle arrête de se tortiller) et de vraie fureur (p…. mais tu vas la fermer, oui???!!!).
Petit tour dehors pour faire quelques courses. Rapide coup d’œil dans le miroir avant de sortir: oh mon dieu, j’ai l’air d’une sauvage avec mes cheveux en pétard et mes cernes. Allez hop, un petit coup de brosse, histoire de ressembler à quelque chose quand même. Au supermarché, je demande un truc à un type qui ne comprend pas mon accent. J’ai envie de le mordre. Le manque de sommeil, ça rendrait pas un brin agressif par hasard?
Retour à la maison. Je me disais toujours que je profiterais de mon congé maternité pour arpenter New York, me faire des expos et des galeries d’art, découvrir les coins secrets de la ville. Honnêtement? Je n’ai absolument pas envie de quitter mon chez moi et mon quartier. Trop de fatigue, trop de flemme. Alors pour l’instant mon programme c’est de végéter au rythme de la série américaine The Wire (Sur écoute), considérée comme la meilleure série US de tous les temps, et je confirme, c’est absolument génialissime. Heure après heure (la série complète fait tout de même 60h), je vis au rythme de Baltimore, l’une des villes américaines au taux de criminalité le plus élevé: drogue, homicides, élections municipales, policiers pourris, passionnés ou blasés, tout y passe, tout ça abordé sans manichéisme. A force de regarder ça avec moi, ça ne m’étonnerait pas que les premiers mots de Maya soient de l’argot des gangsters black de Baltimore (je l’imagine bien me sortir un truc genre “yo, bro’, she fuckin’ do nothin”)…
Après ma session The Wire, je file à l’école chercher Lisa. Tout le monde s’extasie devant Maya qui dort profondément dans l’écharpe de portage (c’est vraiment magique cette écharpe). “Elle a l’air d’un petit ange”, j’entends, haha, ça me fait bien marrer, s’ils nous voyaient nous battre à la maison quand elle hurle à la mort, ils pencheraient plutôt pour un petit démon.
Sur le chemin du retour, je propose à Lisa de prendre une crêpe au chocolat dans un petit café qu’on aime bien, Maya semblant profondément endormie. Je me commande des tapas et un petit verre de vin, avec l’air de dire aux gens qui m’entourent : “z’avez vu, j’suis mère de 2 mouflettes, ça m’empêche pas de me faire plaisir et de prendre le temps de vivre à la terrasse d’un café”. Et je ne suis pas peu fière des regards qu’on me jette et qui semblent dire : “ouah cette mère avec ses 2 petites si mignonnes, quel beau tableau, bla bla bla “.
Et là le cauchemar commence : Maya ouvre un œil, frénétiquement je tente de lui enfourner la tétine dans la bouche, ça ne marche pas. A ce moment Lisa me demande d’aller aux toilettes. L’opération pipi est chaotique, avec Maya qui hurle toujours. Nous retournons à notre table, où nous attendent crêpe et tapas. Maya hurle de plus belle, Lisa renverse son verre d’eau dans sa crêpe (mais elle aime tellement les crêpes au chocolat que cela ne la gêne pas plus que ça), je me lève et commence à me balancer frénétiquement pour bercer Maya (sans succès), pendant ce temps, Lisa se met du chocolat absolument partout et moi je mange mes tapas debout et à toute vitesse (des petits calamars et des crevettes avalés tellement vite que je serais bien incapable de dire s’ils étaient bons ou pas) tout en m’étranglant à moitié avec mon vin (que je n’aurai malheureusement pas pu finir…). A ce stade, je suis prise de fous rires nerveux (mieux vaut en rire qu’en pleurer…). La belle image d’Épinal du début a pris cher, les gens qui m’entourent ne me regardent plus avec tendresse et admiration mais avec un mélange d’horreur, d’exaspération (les cris de Maya sont vraiment forts) et de pitié (“j’aimerais pas être à sa place” se disent-ils). Je veux déguerpir vite fait bien fait avec ma petite troupe, mais Lisa ne veut pas abandonner sa crêpe. Finalement, une fois la crêpe et les calamars engloutis, nous partons en essayant d’être le plus dignes possible (pas facile).
Retour à la maison. Bain, repas, lessive (j’ai changé à peu près 5 fois de hauts pendant la journée, merci Maya et tes régurgitations :-)), rituel du coucher, biberons, couches…. Il est 23h30, je suis ratatinée et me prépare à affronter une autre nuit de folie. Être maman, c’est décidément lessivant. Mais que ne ferait-on pas pour nos petites merveilles qui nous font tellement fondre au quotidien?
April 6th, 2010 by adeline
Petite Maya,
Tu es arrivée dans nos vies le 31 mars 2010 à 8h28 après m’en avoir fait baver pendant 9 mois (je sais, tu voulais être attendue comme le messie) : retard de croissance, petit trou au cœur, intestin dilaté, diabète gestationnel, j’en passe et des meilleures.
Finalement, tu es tout simplement magnifique (disent les parents objectifs) : grande et mince (49,5cm pour 2,5kgs) et en parfaite santé. Cela valait le coup d’en baver.
Tu es née à New York, c’est quand même la classe, ça, tu seras donc citoyenne américaine et française, ce qui veut dire que – au choix – tu pourras devenir présidente en France ou aux Etats-Unis (euh finalement on ne te le souhaite pas !)
On t’a ramenée à la maison 36h après ta naissance (les Américains ne trainent pas), pour que tu fasses la connaissance de ta grande sœur Lisa qui savait que le « docteur avait sorti le bébé du ventre de maman ». Lisa t’a fait un accueil triomphal : des bisous, des caresses, des câlins, elle prend ses responsabilités de grande sœur très à cœur, elle a tenu à te donner le biberon elle-même et voulait même que tu dormes avec elle dans son lit.
Etre 4 paraît finalement la chose la plus naturelle du monde, et en 2 jours de temps, tu as pris dans nos vies une place considérable. Nous retrouvons sur ton petit visage les mêmes expressions que sur celui de ta sœur il y a plus de 2 ans ½ et cela nous fait à la fois rire et fondre. Nous réapprenons les gestes oubliés : manier un minuscule nourrisson tout mou de partout, changer une couche riquiqui qui paraît encore 10 fois trop grande (et se faire arroser au passage de pipi quand ce n’est pas autre chose), laver et stériliser 10 biberons par jour et s’inquiéter quand tu manges 1ml de lait de moins qu’au biberon précédent, se lever 50 fois dans la nuit et marcher au radar toute la journée, devenir des pros de l’écharpe de portage. Et grâce à toi, le système métrique américain n’a plus de secret pour nous : tu pèses 5 pounds et 10 ounces pour 19,5 inches de long, tu manges 1 ounce de lait toutes les 3h…
Lisa paraît gigantesque à côté de toi, et dire qu’il n’y a pas si longtemps, elle était ce minuscule bébé. On a hâte de vous voir grandir toutes les 2.
Et moi je retrouve le bonheur de faire ce que je veux de mon corps : manger du foie gras, des sushis ou du chocolat avec un petit verre de vin, ne plus me piquer 4 fois par jour pour contrôler mon taux de sucre, retrouver le plaisir de mettre un jean plutôt que ces 2 pantalons de grossesse que je ne peux plus voir en peinture, arrêter de faire pipi toutes les 3 minutes, et surtout, ne plus avoir peur que quelque chose à l’intérieur de mon ventre aille mal sans que je m’en rende compte.
Tu es là, et c’est magique et on va bien s’amuser tous les 4 !
…quelques photos sur picasa
February 2nd, 2010 by adeline
A ce stade de ma vie où je suis en train de découvrir les joies d’être enceinte aux Etats-Unis, une petite comparaison avec la France s’impose.
ACCOUCHEMENT :
Première source d’étonnement pour moi : en France, personne ne m’a jamais demandé “comment” je souhaitais accoucher. Ici c’est une question récurrente, qui me laisse pantoise à chaque fois, et je me retrouve à bredouiller un vague “ben je veux accoucher normalement, quoi” qui ne satisfait personne. C’est vrai que je ne m’étais jamais posée la question mais à NY, la tendance, c’est de réfléchir longuement à la meilleure manière de faire la rencontre de cette petite chose qui sort de notre ventre après de longs mois : dans l’eau, assise, debout, à genoux, la tête en bas (non là je déconne) bref tout sauf couchée. La tendance ultime étant l’accouchement à la maison, avec juste une sage femme pour que surtout personne n’interfère entre la mère et l’enfant au moment de leur rencontre ultime – et là ça me dépasse complètement : pourquoi refuser la médecine et ses progrès au point de mettre sa vie et celle de son bébé en danger? Parce que bien évidemment, dans de nombreux cas, des micros-problèmes peuvent tourner à la tragédie sans personnel médical avisé autour…. Bref, vous l’aurez compris, à la grande stupeur des Américaines qui m’entourent, j’ai demandé un accouchement normal, couchée, dans un lit d’hôpital, avec des médecins compétents autour de moi : incroyable, non???
ALIMENTATION :
En France comme aux Etats-Unis, les femmes enceintes ont des longues listes de produits qu’elles ne peuvent pas manger. Mais là où cela devient savoureux, c’est que ces listes ne sont pas tout à fait les mêmes : évidemment, en France, on insiste beaucoup sur le fromage au lait cru, la cochonnaille, le foie gras, tous ces produits délicieux qu’on ne trouve pas ici (voyons le bon côté des choses, cela fait des tentations en moins). Mais là où les Français disent zéro alcool, les Américains sont plus souples, et disent qu’un petit verre de temps en temps ne va pas faire de mal. Etonnant, non? Ma théorie, c’est qu’on picole beaucoup plus en France qu’aux USA, et que les médecins français ont peur de l’interprétation élargie qu’on pourrait avoir du “temps en temps” (tous les 2 jours, toutes les semaines, tous les mois!). Du coup, ils préfèrent interdire complètement. Par contre, les français sont beaucoup plus cools sur le café, et disent juste de ne pas dépasser un expresso par jour alors que les américains le bannissent quasiment complètement. Autre élément de surprise : le poisson. Ici ils font une fixation sur le mercure présent dans le poisson, et préconisent d’éviter d’en manger, alors que je n’avais jamais entendu parler de ça. Bon, comme je n’ai pas trop mal réussi Lisa, je continue le même régime que celui appliqué à l’époque : pas d’alcool, un petit expresso par jour, et de la poiscaille de temps à autre.
ALLAITEMENT:
Je n’ai absolument rien contre l’allaitement, au contraire, mais personnellement, je n’ai jamais eu envie d’allaiter. Et comme c’est quelque chose qui demande un investissement émotionnel et physique important les premiers mois, autant ne pas le faire à contre coeur. En France, on m’a toujours dit : mieux vaut une mère qui n’allaite pas et qui est épanouie, qu’une mère qui se force à allaiter et qui en sort aigrie. Ca m’allait très bien comme philosophie. Ici, je passe quasiment pour une infanticide. L’allaitement est SACRE. Les pédiatres américains nous emmerdent pour faire arrêter le biberon aux petits quand ils atteignent leur 1 an (paraît-il que c’est mauvais pour les dents, j’y reviendrai), mais par contre, allaiter son enfant jusqu’à ce qu’il ait 2 voire 3 ans paraît tout ce qu’il y a de plus naturel. Tant pis, je suis prête à passer pour une mère indigne.
AVORTEMENT :
L’avortement est, aux Etats-Unis, encore très controversé. A chaque nouvelle élection, les “pro-life” remettent le thème sur le tapis et cela donne lieu à des débats interminables et qui nous paraissent d’un autre temps. Paradoxalement, on peut avorter sans problème aux Etats-Unis, et jusqu’à un terme assez avancé de la grossesse (fin du second trimestre!), mais cela a un prix, et croyez moi, il est élevé. Tout se monnaye, ici.
BIBERON :
Comme je l’évoquais plus haut, le biberon est banni par les pédiatres américains après un an. Motif : cela abîme les dents. Lorsque j’ai fait remarquer à mon pédiatre US qu’en France, les enfants buvaient leur bib jusque vers 3 ans, il m’a répondu du tac au tac : “c’est bien connu, les Français ont plein de problèmes de dents”. J’en suis tombée à la renverse. C’est le même type qui m’a sorti que si Lisa n’arrêtait pas la tétine (elle avait 15 mois à l’époque…), elle ressemblerait à un rat. J’aime la la psychologie des pédiatres américains….
CESARIENNE :
Les Américains sont les rois de la césarienne : césarienne médicale bien sûr, quand bébé est trop gros ou en siège, mais surtout césarienne de convenance : “je préfèrerais avoir mon bébé le 17 mai à 18h plutôt que le 21 mai à 14h, c’est possible, docteur?”. Vous me direz que cela va à l’encontre de mon paragraphe sur l’accouchement qui prône un retour à la non-médicalisation. Hé oui, les Américains ne sont pas à un paradoxe près, et surtout, après réflexion, je pense que le retour en force de l’accouchement plus personnalisé est une conséquence directe de l’usage excessif de césariennes et donc de la surmédicalisation de la naissance.
ECHOGRAPHIE:
En France, le suivi de grossesse comprend 3 échographies obligatoires, une à chaque trimestre. Ici, il n’y en a que 2, celle du 3ème trimestre est zappée.
C’est en général d’abord une interne qui vient faire l’échographie – je dis une parce que dans mon cas, ça a toujours été des jeunes femmes, par ailleurs peu amènes, avares de renseignement, qui ne lisaient pas mon dossier avant, et qui donnaient une impression générale de manque de professionnalisme total : l’une d’elle mâchouillait son chewing gum tout en prenant les mesures du bébé d’un air blasé, alors que moi-même je n’avais aucun écran pour voir le bébé – je n’ai jamais vu ça, même dans le plus miteux centre d’échographie français. Et pourtant je suis suivie dans l’un des meilleurs hôpitaux de la ville…
Ensuite il y a le grand ponte qui se pointe pour vérifier ce que l’interne a bidouillé – je dis “le” parce qu’en général c’est un homme (il y a encore du boulot pour l’égalité homme-femme) d’environ 50-60 balais, à l’air patibulaire, qui peut s’avérer très alarmiste pour rien (ce fut notre cas) tellement il a peur qu’on lui colle un procès sur le dos si jamais il y avait un souci décelé après la naissance.
GENETIQUE :
Les Américains sont les rois de la génétique. Dés ma première visite chez le médecin, j’ai eu le droit à une batterie de questions sur mes origines ethniques et celles de Gaël: est-ce qu’on avait du sang noir, juif, asiatique? Parce qu’à chaque “ethnie” sont associés des tests génétiques précis (réalisés sur la mère et sur le père). Je n’avais jamais entendu parler d’un truc pareil en France, alors qu’on a aussi des gens de toutes origines qui y vivent. C’est vrai que NY est particulièrement cosmopolite, mais malgré tout, ce genre de questionnaire en début de grossesse met assez mal à l’aise…
GROSSESSE :
Accrochez-vous bien : une grossesse américaine et une grossesse française n’ont pas la même durée. En France, la durée d’une grossesse est de 39 semaines, aux Etats-Unis de 38 semaines. Pour résumer, il faut une semaine de plus à un bébé français pour arriver à terme par rapport à un bébé américain. La “French touch” résiderait donc dans cette semaine supplémentaire, cocorico?! Vous avouerez que c’est étonnant. Vous ajoutez à cela que les courbes de croissance du fœtus ne sont pas les mêmes non plus : vous vous y attendiez, je vous le confirme, les fœtus américains sont beaucoup plus gros que leurs homologues français (après on s’étonne qu’il y ait des obèses ici). Ce qui veut dire que dans mon cas, j’ai 2 dates prévues d’accouchement, une française, et une américaine, avec 2 semaines d’écart, c’est pas fun ça? On verra qui gagne au final.
MATERNITE:
En France, dans n’importe quel hôpital public, on bénéficie, après la naissance du bébé, de 4 nuits à la maternité pour pouvoir se retaper un petit peu, mais aussi apprendre à manier cette petite bête dont on est désormais responsable (pour ma part, j’ai trouvé ça plus qu’utile pour Lisa). Ici, au bout d’une nuit, tu dégages, sinon ça te revient les yeux de la tête. Ca va que bébé 2 sera effectivement bébé 2 et que je sais à peu près comment faire pour m’en occuper au début, mais je trouve que ça fait court quand même.
PERIDURALE :
En France, la péridurale est devenue quelque chose de tout à fait normal : si on peut ne pas hurler de douleur en accouchant grâce à la médecine, et bien, autant ne pas s’en priver. Pour que vous soyez zen le jour J, on vous fait signer tous les papiers relatifs à cette anesthésie locale vers le 7ème mois de grossesse. Ici, on assiste au retour en force du “enfanter sans douleur, ce n’est pas vraiment enfanter” (ah bon???). Donc pour vous faire payer de vouloir une péridurale quand même, on ne vous fait signer les papiers de décharge que le jour où vous êtes sur le point d’accoucher, au moment où les contractions sont intenables et où vous êtes prêtes à vendre père et mère pour que ça s’arrête (soit dit en passant, à ce moment là, on vous ferait signer à peu près n’importe quoi). Mais le sadisme ne s’arrête pas là : la personne qui vous fait signer les papiers accompagne tout cela d’un petit laïus sur tous les effets secondaires abominables que peut entrainer une péridurale dans 0,0000000000001% des cas : migraines insoutenables, paralysie partielle… Bref que du bonheur. Vous avez donc le choix entre une douleur présente atroce ou des maux futurs absolument terrifiants. Croyez moi cela en décourage malgré tout plus d’une qui se retrouve à enfanter dans la douleur tout en jurant que pour le prochain enfant, elles se feront planter une péridurale dés l’instant où elles poseront le pied dans la maternité!
Suite du lexique dans 2 mois, après l’accouchement, on verra si d’ici là, je repère quelques nouvelles pépites à raconter 🙂